Parole d’artistes : Valérie Manouvrier, artiste à Dubai au stylo à bille !
- CULTURE - ART - THÉÂTRE
La rédaction
- 21 août 2025
- 21
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Installée à Dubai depuis 2017, l’artiste Valérie Manouvrier, alias Manou, donne vie à un univers haut en couleur où le stylo à bille devient un outil d’expression singulier. Entre pop art, architecture intérieure et passion du trait, elle partage avec nous son parcours, ses inspirations et sa vision d’un art engagé, vibrant et profondément humain.
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots à nos lecteurs ?
Mon nom est Valérie Manouvrier, connue sous le nom d’artiste « Manou ».
D’origine Belge, je vis à Dubaï depuis 2017. Je suis artiste professionnelle depuis 2006, année où j’ai quitté la Belgique avec ma famille pour une expatriation à Séoul en Corée du Sud. J’ai deux enfants, qui poursuivent actuellement leurs études à l’étranger.
C’est à Séoul que j’ai pu pleinement me consacrer à mon art. Ma première exposition en solo a eu lieu dans le quartier français de Seorae Maeul, un moment marquant. Ce premier succès m’a valu de nombreuses commandes passées dès le vernissage. Cette expérience a été un véritable tremplin : elle m’a ouvert les portes d’une carrière artistique que je poursuis sans relâche depuis.
Valérie Manouvrier, pratiquez-vous votre art pour votre loisir ou en tant que professionnel ?
Je pratique mon art en tant que professionnelle, mais c’est avant tout un plaisir profond et essentiel. Pour moi, l’un ne va pas sans l’autre : un engagement professionnel authentique ne peut naître sans une passion sincère. Sans joie ni inspiration, la pratique perd son âme. C’est cette dimension sensible, au-delà de la technique, qui donne à mon œuvre toute sa portée. En parallèle de mon travail artistique, je suis co-fondatrice de la société d’architecture et design « M2 Interiors Design » à Dubai depuis 2018, qui nourrit et complète mon univers créatif.


Quel a été le parcours scolaire/professionnel et/ou artistique qui vous a forgé en tant qu’artiste ?
Mes parents disent que je suis née un crayon à la main, un joli clin d’œil à ma pratique du dessin, savoir-faire acquis au fil des années et qui m’habite depuis l’enfance.
Mon parcours scolaire s’est naturellement orienté vers la peinture et l’art sous toutes ses formes. J’ai suivi des études secondaires et supérieures en arts appliqués et publicitaires à Bruxelles au « 75 », complétées par une formation en infographie. Après l’obtention de mon diplôme, j’ai exercé quelques années en Belgique avant que mes expériences à l’étranger ne viennent enrichir et élargir ma pratique.
Au fil de mes expatriations, j’ai développé un vif intérêt pour l’architecture d’intérieur. J’ai alors entrepris une formation à la Design School of South Africa (DSSA) à Johannesburg, puis une spécialisation en design d’espace par correspondance. Parallèlement, j’ai collaboré avec plusieurs architectes à Séoul et à Johannesburg, ce qui m’a permis d’approfondir ma sensibilité spatiale et d’intégrer cette dimension dans mon univers artistique.
En parallèle, j’ai toujours tenu à transmettre ma passion et mes techniques de peinture et de dessie en donnant des cours d’arts appliqués à de jeunes étudiants afin de les aider à mieux gérer leur dyslexie, leur calligraphie, à se concentrer, créer ou à préparer leur portfolio pour réussir leurs examens d’entrée dans des écoles d’art.
Mes activités professionnelles ont contribué à perfectionner ma technique artistique d’aujourd’hui et inversement.
Valérie Manouvrier, comment définiriez-vous votre travail artistique ? Quel est votre style ?
Mon style artistique s’inscrit dans le courant néo-pop-art : une approche moderne inspirée du pop art, enrichie d’éléments contemporains et de techniques novatrices, dont l’utilisation singulière du stylo à bille.
Ma signature repose sur l’usage de ce médium peu conventionnel dans les arts plastiques. Cette technique exigeante, où chaque trait est définitif, indélébile, réclame précision, patience et concentration, mais elle offre également une richesse infinie de nuances, dégradés et jeux de lumière. À travers cette technique, j’ai développé une écriture visuelle unique, profondément contemporaine.
J’aime revisiter des thèmes populaires avec une vision innovante, dérivant leurs origines fonctionnelles et décoratives, et explorant les enjeux de société, de consommation et de médias. Mon art reflète une quête d’harmonie entre rigueur technique, spontanéité et émotion. Je crée de manière instinctive et intense, avec un besoin vital de faire jaillir la vie à travers une explosion de couleurs.
Trois univers majeurs que j’aime traiter :
• La skyline, ou plutôt « skyLIFE », une réinterprétation personnalisée de la ligne de vie, qu’elle soit professionnelle, personnelle ou les deux.
• Le portrait, qu’il soit célèbre ou intime.
• L’objet chromé, avec un effet de 3 dimensions.
Mes influences sont nourries des cultures et territoires que j’ai traversés, de l’Asie à l’Afrique, en passant par le Moyen-Orient, et s’expriment dans chaque ligne et chaque vibration chromatique.


Valérie Manouvrier, qu’est-ce qui, de façon générale influence votre art ?
Je puise mon inspiration dans la culture populaire, les objets du quotidien et les symboles de notre société de consommation, que je détourne avec humour et engagement. Par exemple, ma récente création « The Carousel » exposée au Mercedes-Benz Brand Center en avril dernier représente une machine à boules de gomme, symbolisant le dynamisme, la diversité et le rythme effréné de la vie urbaine. Les bonbons colorés reflètent la densité de la ville et la multitude d’identités qui coexistent en son sein. Son mécanisme rotatif, semblable à un carrousel, évoque à la fois la nostalgie de l’enfance et la nature cyclique de la vie citadine, nous invitant à nous interroger : sommes-nous volontairement happés par ce tourbillon ou aspirons-nous à nous en échapper ?
Les objets publicitaires, les marques tendance et tous les symboles de notre société de consommation et de marketing moderne sont pour moi de véritables sources d’inspiration. Je les interroge, les détourne, les célèbre ou les critique, toujours avec une touche personnelle, comme dans ma série Clic & Bic réalisée avec la photographe Alexandra Raynaud, où l’œuvre emblématique « The Headquarter of the Superheroes in Dubai » illustre parfaitement cette approche hybride entre art pop et satire contemporaine.

Ce qui me passionne, c’est le défi technique : représenter au stylo à bille des matières brillantes comme le chrome coloré ou la transparence du cristal, capturer la lumière, les reflets, les volumes, jusqu’à obtenir un effet 3D saisissant. Chaque stylo offre environ 3 km d’encre que je parcours millimètre après millimètre, avec des traits aussi fins qu’un cheveu, sur des formats parfois monumentaux. Ce processus me mène à cumuler non seulement de longues distances, mais aussi d’innombrables heures de travail, de patience et de rigueur. C’est là que réside la densité invisible de mon art : une intensité à la fois physique et émotionnelle.
Ce qui me caractérise également c’est ma palette volontairement limitée, bleu, rouge, noir, jaune, qui devient un terrain d’exploration chromatique où les superpositions créent des nuances inattendues, révélant toute la richesse d’un médium en apparence modeste. C’est une alchimie visuelle née de la contrainte, une exploration chromatique qui m’amène à transcender les possibilités d’un médium en apparence modeste et familier, le stylo à bille, pour en révéler toute la richesse et la complexité insoupçonnées.
Votre vie et ses étapes influencent-elles votre art et de quelle manière ? En quoi la vie aux Émirats a-t-elle influencé votre travail artistique ?
Grâce à mon parcours pluridisciplinaire d’infographiste, architecte d’intérieur et designer, j’ai développé une maîtrise subtile de la couleur, ainsi qu’un sens approfondi de la composition et de l’équilibre des éléments dans l’espace, qu’il soit en 2D ou en 3D. Ces disciplines se nourrissent mutuellement, fusionnant avec les années d’expérience pour enrichir mon langage artistique. La vie aux Émirats permet de découvrir une autre culture et donc influence les thèmes à traiter.
Quel artiste vous a le plus marqué jusqu’à présent ?
Il m’est difficile de choisir une seule influence marquante, mais l’œuvre de Jeff Koons occupe une place centrale dans mon parcours. Ses sculptures monumentales en acier inoxydable poli miroir m’ont profondément inspirée et ont été mes premiers sujets à transposer sur papier, en leur donnant un aspect tridimensionnel uniquement à l’aide de stylos à bille.
Ce défi technique me stimule : parvenir à capter la brillance, les reflets et les volumes d’objets aussi saisissants, sur un support plat, révèle à la fois ma fascination pour la lumière et ma volonté de surprendre par la maîtrise du médium.


Valérie Manouvrier, quelle est votre journée type lorsque vous créez ?
Chaque journée commence avec un bon café, véritable rituel de mise en route, ancré dans l’héritage culturel de mon pays d’accueil, les Émirats Arabes Unis. Je consacre ensuite une partie de mon temps à mon activité professionnelle, dans la concentration et la rigueur. En fin d’après-midi, une séance de sport vient libérer l’énergie, équilibrer le corps et l’esprit.
Puis vient ma deuxième journée, celle que j’attends aussi avec impatience. La nuit tombée, dans le calme retrouvé, je plonge dans mon univers artistique. C’est dans cette tranquillité précieuse, loin du tumulte quotidien, que je trouve l’élan créatif le plus pur. Je travaille souvent jusqu’à très tard, car une fois emportée dans mon élan de production, j’oublie complètement le temps qui passe. Les heures s’effacent, et seule l’intensité du geste, de la couleur et du trait subsiste. Ces instants suspendus deviennent alors mon véritable espace-temps : celui de la création libre, intuitive.
Deux lieux artistiques préférés à Dubai
Un nouvel endroit Pop qui a récemment ouvert à Dubai où j’aime passer prendre un café et m’inspirer, qui de plus est francophone s’appelle « Avant-Garde ». C’est un concept store intimiste au cœur de Dubai, où se rencontrent art, café de spécialité, ateliers créatifs et une sélection pointue de pièces de mode iconiques.
Un lieu élégant et chaleureux, pensé comme une parenthèse inspirante pour toute la famille où l’on vous accueille toujours avec un grand sourire. J’ai le plaisir d’y exposer actuellement quatre de mes œuvres, sélectionnées avec soin par l’équipe. N’hésitez pas à aller découvrir cet espace unique à Al Quoz !
J’aime également flâner dans les différentes galeries d’art à DIFC riches en œuvres d’art contemporain.
Deux bonnes adresses à Dubai
• Le magasin de fournitures d’art, Middle East Stationery à Deira, une mine d’or pour les artistes à prix raisonnable.
• Chez Yvonne à Dubai Hills Mall, un café pâtisserie où la déco est colorée et vous donne envie de déguster leurs délicieux petits choux aux différents parfums.
Valérie Manouvrier, quelle est votre actualité artistique ? Quels sont vos projets artistiques ?
Accompagnée par la consultante Astrid Lesuisse, je développe actuellement ma visibilité locale et internationale à travers plusieurs projets artistiques d’envergure, avec une sensibilité stratégique et artistique.
Je travaille en parallèle sur des commandes sur mesure et des expositions à venir.
En tant que membre du collectif FÉMININ PLURIEL, je suis en pleine production pour deux prochaines expositions à ne pas manquer :
• Novembre 2025 : nouvelle exposition collective autour d’un nouveau thème
• Avril 2026 : nouvelle exploration artistique au sein du groupe
Je prépare également une exposition à Dubai, prévue entre fin 2025 et début 2026, dédiée à la collection CLIC & BIC, un projet collaboratif mené avec la photographe Alexandra Raynaud. Pour suivre les coulisses de cette série : @clicandbic sur Instagram.
Sans oublier des commissions de tableaux en cours de production.
Autant dire, beaucoup de projets en vue… mais quand on aime on ne compte pas !
SUR UNE ÎLE DESERTE, VOUS EMPORTEZ :
*Quel film ? Un film de Louis de Funès… je ne m’en lasse pas !
*Quel livre ? Tristan et Iseut de Joseph Bédier. Un classique de la littérature française que j’adore.
*Quelle musique ? « Alors on danse » de Stromae qui vous donne la pêche et l’envie de bouger !
*Quel objet ? Ma trousse de stylos à billes et mon carnet de dessin.
*Laquelle de vos œuvres ? Le portrait coloré de Nelson Mandela dit Madiba, l’une des premières œuvres qui a lancé ma carrière artistique.
Pour vous suivre ou se procurer une des œuvres de Valérie Manouvrier :
Tel : +971 (0)58 252 2961
Email : Valmanoudubai@hotmail.com
Instagram : @valerie_manouvrier
Lien : catalogue des oeuvres
Lien : portrait d’artiste vidéo