Depuis combien de temps êtes-vous à Dubai ?
Je suis arrivée à Dubai en mars 2021, avec mon mari et mes deux enfants et j’exerce depuis à l’American Hospital.

D’où venez-vous ?
Je suis libanaise, j’ai grandi à Beyrouth.

Quel est votre métier/spécialité ? En quoi consiste-t-il ? Quels sont domaines d’expertise ou de prédilection ?
Je suis dermatologue, une spécialité qui touche à la médecine, la chirurgie et la cosmétologie. Elle concerne tous les âges de la vie, du nourrisson à la personne âgée.
Je prends en charge les maladies de la peau, des muqueuses, des ongles et cheveux. Je porte un intérêt particulier à l’onco-dermatologie qui est la prévention, le diagnostic et le traitement des cancers de la peau. J’interviens aussi en dermatologie esthétique (traitements de rajeunissement, injections, lasers, etc.).
Au cours d’une même journée, je peux soigner des pathologies très variées, qu’elles soient bénignes ou plus graves, et parfois révélatrices de maladies internes. J’ai de plus suivi une formation en dermatologie pédiatrique et je reçois souvent des enfants à la clinique.

À partir de quel âge avez-vous eu envie de prendre cette voie et pour quelle raison ?
Le domaine de la santé m’a toujours intéressée, ayant grandi au sein d’une famille de professionnels de santé.
J’avoue toutefois que faire un choix de carrière pour toute une vie n’a pas été si simple. En dernière année de lycée, j’étais inscrite à la fois à la faculté de médecine et en école préparatoire à Paris en vue d’intégrer une grande école d’ingénieur ! C’est la perspective du contact humain quotidien qu’offre la médecine qui m’a aidée à trancher.
Durant mes dernières années de fac, au cours d’un stage en dermatologie, j’ai eu un coup de cœur pour cette spécialité, très riche sur le plan intellectuel et très variée.

Où avez-vous étudié ?
Après avoir passé mon baccalauréat français, j’ai effectué mes études de médecine générale à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth. J’ai ensuite poursuivi mon internat en dermatologie entre le CHU Hôtel-Dieu de France à Beyrouth et l’Hôpital Saint-Louis à Paris.

Pourquoi avoir choisi Dubai pour exercer ?
Les standards mis en place dans cette ville médicale et entrepreneuriale sont en adéquation avec les meilleures normes occidentales, et les soins médicaux délivrés sont de grande qualité.
Dubai est aussi une métropole symbole de diversité culturelle, ouverte sur le monde avec une grande sécurité et une excellente qualité de vie. La vie de famille y est très agréable.
Tout cela a permis de faire de mon projet de mobilité une réussite dans son ensemble.

Quelles sont les challenges/difficultés/facilités pour exercer le métier de médecin à Dubai ?
La pratique de la médecine aux Emirats arabes unis est soumise à une réglementation stricte pour les médecins étrangers, mais le fait d’être diplômée de l’Université Saint-Joseph et d’universités françaises facilite l’obtention de la licence d’exercice.
J’ai choisi d’exercer dans un hôpital à Dubai plutôt que dans un cabinet privé car ma spécialité se coordonne avec beaucoup d’autres et les échanges multidisciplinaires sont toujours enrichissants.

Nous avons à l’American Hospital un vrai département de dermatologie regroupant plusieurs dermatologues, ainsi qu’un plateau technique de pointe (chirurgie dermatologique, lasers, photothérapie, vidéodermoscopie). Nous animons des réunions scientifiques et participons à la formation des étudiants en médecine. Le côté académique de mon métier m’a toujours attirée et je peux donc continuer de pratiquer l’enseignement.

Est-ce plus simple ou plus compliqué qu’au Liban ?
Le Liban a toujours été une destination de référence au Moyen-Orient pour toutes les spécialités médicales, cependant l’exercice de la médecine au Liban au cours des deux dernières années est devenu plus compliqué à cause des pénuries de médicaments et des difficultés d’accès aux soins. Ce sont des problématiques que nous ne rencontrons pas dans notre pratique à Dubai, une ville en plein essor sur le plan de la santé.
A Dubai comme au Liban, de nombreux congrès et conférences de dermatologie sont organisés, où sont invités des intervenants experts régionaux et internationaux. Il est primordial pour tout médecin d’être à jour de toutes les nouveautés scientifiques et nouvelles technologies disponibles, surtout dans une spécialité dynamique comme la dermatologie.

Dans votre spécialité, rencontrez-vous des pathologies plus spécifiques / plus courantes à Dubai ?
Il existe des spécificités et pathologies plus courantes ici. Je cite par exemple le problème de l’hyperpigmentation, lié au phototype et à l’ensoleillement quasi constant toute l’année.
Je soigne aussi beaucoup de cas de dermatite atopique sévère chez l’enfant et l’adulte. Il y a également une proportion non négligeable de cancers de la peau, carcinomes et mélanomes. Je profite pour rappeler aux lecteurs et à la communauté dubaïote l’importance de la photoprotection !

Quels sont les éléments les plus motivants de votre métier ?
Le souci du détail. La peau révèle parfois des indices subtils qu’il ne faut pas louper, et ma pratique combine le diagnostic en un clin d’œil à la démarche analytique, sans oublier la dimension psychologique.
Mon métier repose beaucoup sur les rapports humains et la confiance. Comme tout médecin, je dois être à l’écoute du patient quel que soit son âge ou sa pathologie. J’aime prendre le temps de lui expliquer sa pathologie et le traitement que je lui prescris. Il y a parfois, pour certaines maladies chroniques comme l’eczéma, une éducation complète à faire, de nouvelles habitudes de vie à donner.

Avec le recul, que referiez-vous différemment ?
Rien. Mon parcours n’a pas été dénué de défis, mais je suis reconnaissante d’exercer ce métier et de tisser une relation de confiance chaque jour avec mes patients. Du moment que l’on aime ce que l’on fait et que l’on est passionné, il n’y a rien à regretter.

Vos deux bonnes adresses à Dubai ?
L’Opéra de Dubai.
Fusion Ceviche, un restaurant chaleureux fondé par une chef péruvienne passionnée.

LE MOT DE LA FIN
Notre meilleur allié est la prévention et la protection, pour rester « bien dans sa peau » !
Je cite aussi Aristote : « Le plaisir dans le métier met la perfection dans le travail ».