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Une femme antiquaire à Dubai

 Une femme antiquaire à Dubai
Elle hume le bois précieux, passe délicatement sa main sur l’arrondi d’une commode, scrute les patines et effleure une marqueterie. Elle, c’est  Sylvie Gauthier, chineuse passionnée d’antiquités des XVIIIème et XIXème siècles qui vient d’ouvrir un show room, Old Century, au cœur de Jumeira.

Antiquaire mais aussi fille d’antiquaire ; un père dans le métier depuis plus de 40 ans et qui lui a transmis l’amour des meubles anciens :  » Dès l’âge de 18 ans, je l’ai suivi partout, dans les foires, les salons. Le dimanche au marché aux Puces de Lyon, il exposait ses meubles antiques à une fidèle clientèle bourgeoise et moi, près de lui, je déballais mes bibelots chinés durant la semaine « . Le jour du vernissage d’Old Century, c’est à cet homme tant admiré qu’elle a dédié son discours, un moment de sincère émotion, à l’image de cette femme authentique et spontanée, qui nous reçoit sans chichis.Une femme antiquaire à Dubai, voilà qui n’est pas commun… Tout s’est fait très vite. Ma famille possède « O Passé simple », deux belles boutiques dans la Cité des Antiquaires à Lyon. Je me suis passionnée pour ce métier il ya plus de 25 ans et cette passion ne m’a jamais quittée. Notre clientèle est essentiellement composée de particuliers français mais aussi d’Américains, et d’habitants du Golfe. L’envie m’est venue d’aller à la rencontre de cette région. Je suis venue une première fois avec mon mari, Jean-Laurent, en janvier 2009, puis une deuxième fois deux mois plus tard. Le coup de foudre a été immédiat, pour la ville, son architecture, son énergie. En mai, nous avions trouvé les locaux et dès juin les travaux commençaient. Par le biais d’amis communs, nous avons été mis en relation avec un Français résidant à Dubai qui nous a permis de faire beaucoup de belles rencontres. Comment s’est passée l’installation ? Tout le monde a été mis à contribution ! Mon mari, extérieur au métier mais qui a très vite partagé ma passion, m’a accompagné tout au long de l’installation. Nos trois enfants sont aussi de l’aventure et ont intégré l’école dès septembre. A Lyon, ma belle-sœur, qui a fait des études d’art, a pris le relais dans nos magasins, après une formation sous ma direction. Mon père, qui avait des velléités de retraite, est là pour lui donner un coup de main en cas de besoin. Bref, une véritable affaire de famille !Quel est le quotidien d’un antiquaire ? Un antiquaire est un chineur avant tout. Nous trouvons nos meubles dans les salles de vente, chez les particuliers qui viennent vers nous, dans les expositions etc. …Dans les salles de vente, nous effectuons notre travail en amont : grâce aux commissaires- priseurs, nous pouvons approcher la marchandise avant le début des ventes, donner des ordres d’achat sans forcément être présents. Chez les particuliers, le travail est encore plus rigoureux : Autrefois, on achetait parfois à des gens de passage, avec une simple pièce d’identité pour toute garantie. Aujourd’hui, nous allons chez le vendeur, nous nous assurons de la provenance, de l’authenticité et de la qualité d’une pièce. Il faut notamment savoir reconnaitre les simples restaurations d’usage des reproductions partielles ou totales. Pour cela, une expertise est nécessaire, soit par nous soit par un expert en art.Puis lorsque le meuble, dûment référencé et daté, est vendu, nous faisons parfois un véritable apprentissage du client ; il faut pouvoir expliquer l’origine et l’histoire d’un meuble, l’époque ou le style de la pièce qu’il a choisi « .Un métier donc, mais surtout une passion et une sensibilité pour une époque, le XVIIIème et le XIXème, qu’elle nous a fait partager avant de conclure par ses mots :  » J’aime l’idée d’exercer un métier qui fait partie de notre patrimoine, de notre culture « .Ses meubles d’époque ont séduit  de nombreux collectionneurs à Lyon, Paris, New York, Beyrouth, Dubai ou encore Le Caire et Riyad. Avant de partir, nous avons donc demandé à Sylvie de nous dévoiler quelques astuces et ficelles pour amateurs d’art en herbe. Petit cours particulier :
  • Un miroir du XVIIIème en bois doré doit généralement être recouvert de feuille d’or, ce n’est qu’au XIXème que le stuc est utilisé.
  • Recherchez toujours les ouvrages en bois précieux. Ceux-ci (bois de rose, buis, amarante, acajou etc..) sont plus prestigieux que les bois massifs (noyer, chêne ou merisier par exemple).
  • La restauration d’un meuble ancien passe surtout par une ébénisterie d’art : Pour obtenir une finition authentique, le meuble doit être vernis au tampon et non pas au pistolet comme les meubles contemporains. Le vernis au tampon pour les puristes est le seul valable en cas de restauration : l’ébéniste remplit les pores du bois à l’aide d’un tampon imprégné d’alcool, puis d’un tampon de vernis.
  • Pour pouvoir s’assurer de l’authenticité d’un tiroir par exemple, il faut observer ses queues d’aronde… si ce terme ne vous dit rien, rassurez-vous, nous non plus, avant de rencontrer Sylvie, ne l’avions jamais entendu ! Une queue d’aronde est un montage entre deux pièces. Elle se compose d’un trapèze dans l’une des pièces  et d’une rainure de même forme dans la seconde pièce. Au XVIIIème, elle est irrégulière et brute, au XIXème, elle est plus fine et plus géométrique.
  • Une marqueterie d’époque doit avoir été faite à la main. L’ébéniste grave le meuble, incruste le dessin dans son fond. Il choisit parmi les bois précieux (citronnier de Ceylan, buis, bois de rose, palissandre etc..) celui qui permet d’avoir la couleur désirée, par exemple le bois de violette pour le rouge ou le buis pour le jaune.
OLD CENTURY Où : Jumeira Beach Road, Jumeira 3 Quand : Du samedi au jeudi de 10h à 13h et de 15h à 20h (le jeudi jusqu’à 22h) Comment : Reçoit de préférence sur rendez-vous au 04 394 77 85 ou 055 270 86 64.
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