Parole d’artistes : la parole à… Bénédicte Gimonnet, artiste pluridisciplinaire basée à Dubai !
- CULTURE - ART - THÉÂTRE
- La rédaction
- 8 novembre 2024
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Bénédicte Gimonnet, artiste française d’origine péruvienne, s’est installée aux Émirats en 2009, où elle poursuit une carrière artistique active, notamment avec la galerie Aisha Alabbar à Dubai. Artiste pluridisciplinaire, elle explore des thèmes liés à la nature et à l’identité, influencée par son héritage culturel et par la lumière unique des Émirats. Son art, marqué par des médias mixtes et des couleurs vives, s’inspire de ses voyages et d’une enfance en pleine nature. Depuis son arrivée aux Émirats, son travail a évolué, intégrant de nouvelles collaborations et explorations culturelles.
Bénédicte Gimonnet, pouvez-vous vous présenter en quelques mots à nos lecteurs ?
Je m’appelle Bénédicte Gimonnet, française avec des origines péruviennes. Je suis arrivée aux Émirats à Abu Dhabi en 2009 avec mon mari et mes trois jeunes enfants à l’époque, puis nous nous sommes installés à Dubai il y a 9 ans déjà. Les enfants sont maintenant de jeunes adultes qui vivent en France. Après mes études achevées en 2006 aux Beaux-Arts à Londres, je me suis lancée dans une carrière artistique et j’ai depuis travaillé avec de nombreuses galeries et institutions en Europe (Royaume-Uni, France), aux États-Unis et aux Émirats. La galerie qui représente mon travail actuellement est la galerie émirienne Aisha Alabbar à Alserkal Avenue, dont je suis la fière et seule représentante occidentale.
Je suis aussi membre de l’Emirates Fine Art Society, ce qui me permet d’exposer régulièrement avec de grands artistes émiratis et de la région, notamment au Sharjah Art Museum. Je participe régulièrement en tant que juge à des compétitions d’art organisées par le gouvernement ou des écoles aux Émirats et je donne aussi des ateliers de création artistique.
Par ailleurs, j’ai eu la chance d’exposer au RAK Art (Ras Al Khaima), ainsi qu’au ministère de la Culture des Émirats, à Manarat Al Saadiyat à Abu Dhabi. Depuis mon arrivée à Dubai, j’ai réalisé de nombreux projets, dont mon exposition solo à Aisha Alabbar Gallery en 2023, « In Search of Eden », ainsi que de nombreuses collaborations avec l’Alliance Française, individuellement ou avec d’autres artistes de la région.
Pratiquez-vous votre art pour votre loisir ou en tant que professionnel ?
Je suis une artiste professionnelle depuis l’année 2006.
Quel a été le parcours scolaire/professionnel et/ou artistique qui vous a forgé en tant qu’artiste ?
Mon éveil à l’art a commencé très tôt grâce à mon grand-père qui m’a enseigné toute petite l’art de l’observation, du dessin et de la peinture. Il habitait dans le Gers dans un tout petit village entouré de fermes et de paysages magnifiques, j’y passais toutes mes vacances. Cela a aiguisé ma passion pour la nature et l’art. Avec une maman collectionneuse d’œuvres d’art (lithographies, peinture), j’ai développé également l’appréciation d’être entourée d’art et de collectionner. Dans mon entourage, j’ai vite baigné dans la danse (je pratique toujours la danse classique), la musique, la littérature et le cinéma, ce que je pense avoir transmis à mes enfants.
Après de nombreuses années parisiennes à travailler dans la finance, j’ai décidé, lorsque mon cher époux a été muté à Londres, de reprendre mes études pendant 6 ans aux Beaux-Arts à Wimbledon College of Art (UAL) et de réaliser enfin mon rêve de devenir artiste. Pas simple avec trois petits enfants, mais c’était passionnant et cela m’a permis d’être enfin maîtresse de mon temps, d’être là pour mes enfants et de jongler parfaitement entre ma vie professionnelle et ma vie familiale. J’ai eu la chance de travailler dès la fin de mes secondes études avec la Cynthia Corbett Gallery à Londres et de participer à de nombreuses expos et projets entre Londres et les États-Unis. J’ai démarré une nouvelle aventure artistique en arrivant aux Émirats il y a 15 ans. Un autre pays, une autre culture et une autre lumière.
Bénédicte Gimonnet, comment définiriez-vous votre travail artistique ? Quel est votre style ?
Je me considère désormais comme une artiste pluridisciplinaire, en allant de la peinture, au dessin, à la gravure, à la céramique, aux fresques murales jusqu’aux installations artistiques tridimensionnelles. Après de nombreuses années dans la peinture abstraite inspirée essentiellement par l’observation de mon environnement, ma pratique artistique a complètement évolué pendant le premier confinement de la crise du COVID. Un besoin d’introspection, de recherche sur mon identité et mes origines péruviennes (mon père biologique était péruvien) m’ont incitée à m’intéresser au thème de la forêt exotique, la végétation luxuriante et son symbolisme, la quête du paradis perdu de mon enfance.
Je travaille souvent avec des media mixtes sur panneaux d’aluminium ou en bois, avec une palette de couleurs chatoyantes, qui rappellent les couleurs du folklore péruvien. Entre petits dessins à l’encre noire ultra précis et des œuvres monumentales aux couleurs flamboyantes sur panneaux ou en fresques murales, j’explore le thème de l’identité et du symbolisme.
Qu’est-ce qui, de façon générale, influence votre art ?
Mon travail prend sa source dans l’observation de ce qui m’entoure et dans la mémoire. Je voyage beaucoup et j’ai eu la chance d’être traversée par de nombreuses cultures et d’endroits qui me tiennent particulièrement à cœur. Avec une enfance entourée de nature (Auvergne natale, Gers et Amérique latine), puis 10 ans en Angleterre et 15 ans au Moyen-Orient, je suis fascinée par ce que j’observe, et cela influence directement mon travail.
Je puise aussi beaucoup mon inspiration dans celui d’autres artistes anciens ou contemporains (je visite constamment des expositions, musées, foires d’art, concerts, cinéma), mais aussi dans la lecture (littérature, livres d’art et articles sur des expositions).
Votre vie et ses étapes influencent-t-elles votre art et de quelle manière ? En quoi la vie aux Émirats a-t-elle influencé votre travail artistique ?
Venant tout droit de la grisaille londonienne en 2009, mon travail a complètement évolué dès mon arrivée aux Émirats, grâce à cette lumière particulière et ces paysages qui m’ont tout de suite envoûtée : la beauté sublime du désert, les îles entourées des mers turquoises d’Abu Dhabi, l’architecture tentaculaire et futuriste de Dubai. J’ai tout de suite eu l’envie de me plonger dans ce nouvel univers, d’en apprendre la culture (j’ai étudié la langue arabe pendant 3 ans) et de raconter une nouvelle histoire visuelle dans mon travail.
J’ai rapidement cherché à collaborer avec des artistes de la région et à comprendre leur sensibilité. J’ai eu notamment le privilège de faire une exposition collaborative en duo avec la fabuleuse artiste, Dr Najat Makki, à l’Alliance Française de Dubai, « Confluence » en 2021. Nous avons réalisé des œuvres collaboratives signées de nos deux mains. Expérience inoubliable où nos deux cultures et personnalités artistiques se sont fondues pour l’amour de l’art.
Bénédicte Gimonnet, quel artiste vous a le plus marqué jusqu’à présent ?
Cette question est compliquée, car je me nourris des œuvres d’artistes complètement éclectiques, qu’ils soient de grands maîtres classiques, modernes ou contemporains. La diversité et la curiosité sont la clé pour garder une pratique artistique intéressante. Cela dit, je peux citer les expressionnistes abstraits américains des années 50, tels que Rothko et Frankenthaler, qui ont beaucoup influencé mon travail abstrait, mais aussi les Nabis de la fin des années 1800 pour leur palette chromatique extraordinaire (Bonnard, Vuillard) ou le travail semi-abstrait remarquable de Nicolas de Staël. Je suis une grande fan des peintres contemporains Peter Doig et Fabienne Verdier, dont la démarche artistique et spirituelle m’a beaucoup influencée.
Quelle est votre journée type lorsque vous créez ?
Je commence par une séance de yoga ou autre sport tôt le matin, suivie de mon petit-déjeuner. J’arrive dans mon studio, pleine d’énergie, le corps préparé pour une journée souvent physique, et je travaille sur mes projets (peinture, dessin, croquis, rédaction de documents pour un appel d’offre ou administratif). Quand je réalise des projets artistiques spécifiques (céramique, sérigraphie, fresque ou autre œuvre monumentale), je travaille directement sur place dans les autres studios ou sur le site, parfois avec des équipes. Pause déjeuner (seule ou avec une amie, collègue), puis reprise jusqu’au soir. Quand on aime son travail, le temps passe très vite !
Deux lieux artistiques préférés à Dubai :
Al Serkal Avenue et Al Quoz Creative zone en général.
Deux bonnes adresses à Dubai :
Balade le long de la plage de la Kite Beach pour se ressourcer.
Home and Soul, concept store sympa dans mon quartier où j’aime trouver des idées de cadeaux et des objets touchants.
Bénédicte Gimonnet, quelle est votre actualité artistique ? Quels sont vos projets artistiques ?
Abu Dhabi Art à partir du 20 novembre, où mes toutes dernières séries de dessin seront présentées avec des tableaux de la série Eden par la galerie Aisha Alabbar. En janvier/février 2025, je participe à RAK Art (Ras Al Khaima Art) avec un dessin digital monumental. D’autres expos collectives ou projets monumentaux aux Émirats et à l’étranger sont en cours, je l’annoncerai dès que ce sera finalisé.
SUR UNE ÎLE DÉSERTE, VOUS EMPORTEZ :
Quel film ? Mon cœur balance entre « Out of Africa » de Sydney Pollack et « Star Wars » de George Lucas
Quel livre ? Le sublime roman « Les chaussures italiennes » de Henning Mankell, l’histoire d’un homme qui se retire sur une île de la Baltique
Quelle musique ? Ma playlist éclectique de slow et lounge musiques
Quel objet ? Crayons et grand carnet à croquis
Laquelle de vos œuvres ? « Grand Eden », Acrylique, émail, céramique et médias mixtes sur panneaux d’aluminium, polyptyque 244 x 400 cm
Pour suivre Bénédicte Gimonnet et se procurer une de ses œuvres :
Site : ICI / aishaalabbar.art
Insta : @benedictegimonnet