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Titeuf à Dubaï : « Happy Zep »

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Du 4 au 8 mars, Zep est venu croquer Titeuf entre le Lycée français et les murs du Festival littéraire de Dubaï. Petit aperçu de ce que son séjour lui a inspiré. RENCONTRE.


Pour le plus grand bonheur des petits et des moins petits, le sixième Festival Littéraire de Dubaï a invité cette année le plus illustre des « papas » de la bande dessinée : Zep, de son vrai nom Philippe Chappuis, créateur de Titeuf, petit garçon au crâne d’œuf et à la célèbre mèche rebelle.
« Il y a un truc bizarre quand vous êtes auteur de BD, vous êtes le « papa » du héros. Ce n’est pas le cas dans d’autres genres littéraires. On ne dit pas de J.K. Rowling qu’elle est la maman de Harry Potter. Par contre Hergé est le papa de Tintin, » confie le dessinateur.

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Né en 1967 à Genève, Zep –un pseudo inspiré de sa fascination pour Led Zeppelin- ne cesse de s’étonner du raz de marée qu’est devenu son personnage qui ne se contente plus d’animer les planches à dessin mais s’est vu décliné en héros de cinéma –Titeuf, le film, sorti en 2011-, en produits dérivés de toutes sortes et même sujet à quelques expositions rétrospective, excusez du peu.

Zep, lui, garde la tête sur les épaules et des yeux qui semblent être en contact direct avec son âme d’enfant. Un regard humble, généreux et prompt à la dérision, qui lui permet sans doute de continuer à séduire ses jeunes fans qui ne manqueraient pas de flairer l’arnaque une mèche à la ronde.
Philippe le sait, lui, que l’enfance est loin de la projection de candeur et d’innocence qu’ont bâti des adultes nostalgiques des Mondes engloutis.
Tel Arakana, en messager du passé, il raconte album après album (14 déjà…), les turpitudes de l’enfance et toutes les questions qui obsèdent et dérangent.
Il rend service aux parents qui ne savent comment empoigner ces tourments maladroitement exprimés auxquels ils ne parviennent plus à répondre simplement.

« On veut rassurer l’enfant et, ce faisant, on ne fait souvent qu’ajouter à son angoisse. On leur dit : « Tu verras quand tu seras plus grand ». Mais non, justement, ce n’est pas suffisant. En l’absence de réponses satisfaisantes, les enfants composent avec leur ignorance, inventent, bâtissent des théories. Et les théories de Titeuf sont parfois plus pertinentes que celles des adultes. Elles conservent une sorte de chaos qui ressemble plus à la réalité que nos réponses lisses, » explique Zep.

Et il en bâtit des théories scabreuses, notamment autour de la transformation de son corps et de l’idée d’avoir une fille à lui.
« C’est vachement flippant. Les enfants ont des questions légitimes et très fréquentes comme « Faire l’amour, on est obligé ? »
Si vous leur répondez « Tu verras quand tu seras grand. Tout le monde le fait », c’est flippant !
« Une vie où on lâche ses copains pour vivre avec une femme ?!!! » Si vous répondez que c’est seulement s’ils en ont envie, ils sont vachement rassurés ».

Et il est comment Zep en vrai papa de trois enfants de 17, 11 et huit ans ?

« Quand je fais de la BD j’ai une vraie connexion avec les enfants mais quand je parle aux miens je n’ai plus la magie de Titeuf. Il y a pleins de trucs que je fais, moi, que Titeuf condamnerait. Comme tous les parents je m’énerve quand mes enfants jouent trop au jeux vidéo ou qu’ils ne jouent pas dehors quand il fait beau». C’est pô malin…

Le dessinateur puise dans l’actualité ses nouveaux sujets même si « fatalement il y aura un jour où (il) n’arrivera plus à (se) mettre dans la peau d’un enfant. »
Car Titeuf est aussi pour lui un moyen de revivre son enfance et faire certaines choses qu’il n’a pu faire à son âge. Zep alimente ainsi le paradoxe de sa « créature » qui « ne grandit pas mais accumule l’expérience de l’âge car il ne peut pas refaire ce qu’il a déjà fait. »
Jusqu’à quand ? « Il y aura peut être un jour où je n’arriverai plus à me mettre à la place d’un enfant de huit ans. Il sera peut être temps d’imaginer Titeuf vieux, » s’amuse Zep qui ne manque pas d’illustrer ses propos de son trait : Titeuf le crâne parsemé de petits cheveux épars, appuyé sur une canne, sa mèche rapatriée en barbe de vieillard au bout de son menton.

Ce qui ne manque pas de ravir la salle de ses fans dubaïotes venus voir qui se cachait derrière leur héros.
« Parfois le Journal de Mickey envoie des petits reporters pour interviewer Titeuf
et ils sont déçus car c’est un vieux monsieur –moi !- qui les reçoit. Quelque chose se casse. On aimerait que nos héros existent vraiment. Je n’aurai pas aimé rencontrer les auteurs de mes personnages de BD favoris. Lucky Luke était un monsieur en complet avec un nœud papillon et des lunettes. Je trouvais ça triste.
»

En attendant, le public est ravi de sa performance et de sa Burj Khalifa stylisée en mèche de Titeuf. Une chose est sûre, tout comme Zep qui a du mal à imaginer sa vie sans lui –« il existera tant que j’existerai »-, les fans ont si bien adopté Titeuf qu’ils lui inventent parfois des histoires que son créateur n’a jamais racontées.
« Même si je ne fais rien, Titeuf a sa propre vie. Heureusement, c’est le côté génial des personnages de fiction ». Titeuf est entré dans la légende.  Tchô !

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Lire aussi les albums pour les grands : chez Delcourt « Happy girls », « Happy Rock », « Happy parents » et « Happy Sexe ».

Kyra Dubai

La rédaction, c’est une équipe de passionné(e)s par l’écriture et les « histoires » de Dubai. Retrouvez l’ensemble de l’équipe rédactionnelle actuelle sur la page Qui-sommes-nous.

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