fbpx

Lectures : Les voix de l’été (2)

 Lectures : Les voix de l’été (2)

Pour prolonger nos lectures d’été, je vous propose d’autres voix romanesques qui vous livrent des messages d’amour dans des situations parfois dramatiques ou étonnantes et toujours émouvantes. C’est entre océan et pinède que se déroule l’action des romans de Philippe Lescarret et Joseph Incardona qui célèbrent l’un et l’autre l’humanité de ces contrées loin des villes où se cachent parfois celles et ceux que la vie a chahutés.

• Le silence des pins, Philippe Lescarret

« Face à la terrasse, des vagues puissantes se succédaient en grondant. Régulièrement, un ou deux surfeurs se levaient et se laissaient porter jusqu’au bord, le dos courbé et les bras écartés. Tiphaine plissa les yeux, essayant de deviner la silhouette d’Erwan. Elle était sûre qu’il profitait de la houle, quelque part au loin. »

Après une déception amoureuse, Erwan a pris la route et roule vers un spot portugais dans son vieux van surmonté d’une planche prometteuse de sensations fortes. Mais le camion tombe en panne au beau milieu de la forêt landaise et le surfeur n’a d’autre solution que de trouver un petit boulot pour se payer un nouveau moteur. Il trouve le gîte et le couvert chez un vieux sylviculteur et sa femme qui l’accueillent comme un fils.

Le jeune breton apprend à marquer les pins et s’intègre rapidement dans la vie du village. Il fréquente comme tous les jeunes l’unique bar du village où travaille Tiphaine. Elle aussi a débarqué un beau matin pour commencer une nouvelle vie loin de son carcan familial. Les deux jeunes gens tentent de conjuguer leurs douleurs, leurs solitudes et leurs espoirs mais partager un lourd secret rendra vite la situation intenable.

Après avoir publié quatre récits policiers, Philippe Lescarret écrit un roman qui cette fois sent bon le terroir, il décrit les traditions landaises en connaisseur et l’on s’attache vite à ce petit bourg au milieu de nulle part. On quitte à regret des personnages qu’il nous semble connaître et dont on imagine l’avenir en espérant les retrouver un jour.

Se le procurer

• Les corps solides, Joseph Incardona

« Léo a les yeux noirs et la peau mate de son père. Si on lui mettait une capuche et on le voyait cracher par terre, on pourrait penser que c’est un de ces voyous. En réalité, c’est l’enfant le plus doux du monde, il n’y a aucune méchanceté en lui. Lors des concours de surf, elle doit le motiver tant l’idée de compétition lui est étrangère. Et ce garçon-là est son fils. Et son fils lui demande pourquoi elle est tendue la plupart du temps, pourquoi ces plis d’amertume apparaissent aux coins de sa bouche. Pourquoi elle est incapable de se laisser aller à vivre pleinement, comme quand on marche avec sa planche sous le bras, que les pieds s’enfoncent dans le sable et que l’horizon est l’éternité. »

Anna vit à l’année dans un camping de la côte atlantique avec son fils Léo, elle vend des poulets rôtis sur les marchés et tente de lui assurer une vie sereine. Mais ce n’est pas facile quand on a perdu son compagnon et que le sort s’acharne… Anna perd son camion dans un accident et les problèmes s’enchaînent jusqu’à ce jeu télévisé auquel Léo l’a inscrite malgré elle.

Gagner lui permettrait de sortir la tête de l’eau, de payer les traites du mobile-home, d’acheter un nouveau camion, un nouveau surf et une combi pour son fils. Léo, c’est toute sa vie, son rayon de soleil, sa source d’énergie mais participer à ce jeu serait aussi aller contre ses principes et ses convictions ; ce serait cautionner une société de laquelle elle se tient à l’écart depuis longtemps.

Joseph Incardona écrit un récit simple et vrai, sans fioritures mais qui nous garde en haleine jusqu’à la dernière page ; un texte très actuel qui traite des problèmes d’une population souvent lasse de ses combats quotidiens, prête à tout même au pire pour souffler un peu.

C’est Léo bien sûr qui indiquera la bonne vague à sa mère.

Se le procurer

Les voix qui suivent peuvent avoir des accents désespérés mais sont en réalité lumineuses et porteuses d’espoirs infinis surtout quand elles émanent d’univers qui nous échappent.

• Le goûter du lion, Ogawa Ito

« Tandis que je m’abandonnais entièrement aux tonalités profondes et entremêlées de l’instrument, la brise marine me susurrait que je n’avais pas à m’en faire, que tout allait bien se passer. Juste un peu plus. Si je pouvais tenir en équilibre sur cette falaise juste un peu plus longtemps, je pourrais rejoindre le monde de l’autre côté. Je ne pouvais ni hâter cet instant, ni le retarder. Tout ce que je pouvais faire, c’était attendre sagement qu’il arrive. »

Shikuzu est atteinte d’une maladie incurable et décide de vivre ses derniers moments dans la Maison du Lion, une maison très différente des établissements de soins palliatifs traditionnels. Elle se trouve sur l’île aux citrons dans la mer intérieure de Seto. La maîtresse des lieux s’emploie à rendre le séjour de ses pensionnaires le plus agréable possible ce qui passe par la stimulation des sens, notamment celui du goût. Ainsi le goûter du dimanche prendra une grande importance pour Shikuzu comme la vue sur la mer, le parfum des citronniers ou les notes d’une suite pour violoncelle de Bach.

Ogawa Ito raconte à la première personne le cheminement de sa jeune héroïne vers la pleine conscience du bonheur d’exister avant de se laisser submerger par une vague de sérénité. Ce texte est profond et grave mais le ton pudique et chaleureux de l’auteure permet de dépasser l’appréhension que provoque son sujet, pour vivre sans retenue les derniers grands bonheurs du personnage et partager une allégresse inattendue et absolument réconfortante.

Se le procurer

• Les brumes de l’apparence, Frédérique Deghelt

« Petite déjà, tu avais des aptitudes remarquables et, percevant le taux de tes énergies et de ton fluide, maman et moi étions très impressionnées. »

A la limite du fantastique, avec une bonne dose d’ésotérisme, ce roman vous transportera dans une autre dimension. Frédérique Deghelt nous entraîne avec un art consommé du récit dans un monde envoûtant.

Gabrielle est une quarantenaire citadine qui réussit très bien dans l’événementiel. Mariée à un chirurgien plastique et mère d’un jeune adulte, elle suit le cours d’une vie toute tracée. Elle apprend un beau matin qu’elle est l’héritière d’un terrain au centre de la France. Allergique à la campagne, elle n’éprouve que mépris et indifférence pour le monde rural. Désireuse de vendre la propriété au plus vite, elle prend la route et découvre un lieu très particulier. Elle apprend qu’elle descend d’une lignée de sorciers dont elle a manifestement hérité certains dons et réalise qu’elle était attendue sur cette terre dont elle ignorait tout.

Cette découverte va créer un cataclysme dans sa vie bien ordonnée et lui ouvrir de toutes nouvelles perspectives. Celle qui vivait dans un monde superficiel où régnait l’argent et l’apparence va prendre conscience peu à peu qu’il est possible de vivre autrement. Gabrielle, ancrée dans le rationnel, doute, refuse et résiste à ce qui pourtant s’ impose petit à petit à elle.

Frédérique Deghelt explore les profondeurs de notre perception et soulève la question d’une autre dimension au-delà de l’existence terrestre loin d’ un paranormal de pacotille et on ne demande qu’à la suivre tant la perspective est jubilatoire.

Se le procurer

Il me reste à vous souhaiter un très bel été aux Emirats et partout ailleurs où vous aurez décidé de vous installer bien confortablement avec une pile de bons livres !

N’oubliez pas de vous inscrire à notre Newsletter du Vendredi pour recevoir toutes nos actus et suivez-nous sur Instagram  ou Facebook !
 
  

 

Frédérique Vanandrewelt - Gradisnik

Professeure de français et passionnée par la littérature, Frédérique dévore les livres, et nous en parle… il y’en a toujours pour tous les goûts, tous les styles, et tous les niveaux.

Vous aimerez aussi