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Violence conjuguale : que faire à Dubai ?

La violence conjugale est un grave problème de société. En France, une femme décède tous les 4 jours des suites de violences conjugales.

Quelques éléments qui permettent de mieux la cerner : Elle se différencie de la dispute ou du désaccord quotidiens. Elle ne se confond pas non plus avec la mésentente au sein du couple.

La violence conjugale est un système de relation dans lequel l‘un des deux conjoints utilise la peur, l’intimidation, l’humiliation, les coups, le contrôle du temps ou de l’argent ou tout autre moyen pour maîtriser l’autre.


 

La violence concerne tous les types de couples ; mariés ou non, jeunes ou vieux, homo ou hétérosexuels. Elle touche également tous les milieux sociaux culturels.


Il est classique de décrire différents types de violences :

⇒    Violences physiques : Les coups directs ou par projection d’objets, ou par projection de la personne sur le sol, contre un mur…

⇒    Violences psychologiques : humiliations, menaces, chantages, insultes, contrôle de l’emploi du temps, suspicion…

⇒    Violences sexuelles

⇒    Violences économiques : Contrôle de l’argent, exigence d’explications pour la moindre dépense…


Définition pénale :
En terme pénal, la violence conjugale entre dans le cadre des violences volontaires. Pour toutes les violences volontaires, le fait qu’elles soient commises par un proche constitue ce qu’on appelle une circonstance aggravante, c’est à dire que la peine encourue est plus grave.


Éléments cliniques

L’approche clinique des femmes victimes de violences conjugales est délicate. Les troubles dont souffrent les femmes qui vivent cette violence au quotidien sont largement décrits dans la littérature médicale : grande souffrance psychologique, états dépressifs, (perte complète de l’estime de soi) états anxieux, tentatives de suicide, troubles psychosomatiques, troubles fonctionnels (Troubles du sommeil, des conduites alimentaires, alcoolisme…), auxquels il faut ajouter les conséquences des violences en tant que telles.

Il est intéressant de s’interroger sur la nature du lien qui unit ces femmes victimes à leur  conjoint violent, ce qui les a amenés à choisir cet homme-là et surtout à continuer une relation avec lui, parfois pendant 20 ans, 30 ans… La plupart du temps lorsqu’on interroge l’enfance de ces femmes, on retrouve des vécus de violences (enfants battus, témoins de violences conjugales, violences psychologiques…), À l’age adulte, ce sont des êtres très fragiles sur le plan psychologique qui cherchent par la répétition la maîtrise de l’événement traumatique non élaboré.

Cela s’observe également chez les hommes aux comportements violents, ils ont souvent eu une enfance parcourue d’événements traumatiques, ce sont la plupart du temps des êtres en grande souffrance, (même si cela ne se voit pas) immatures, très peu construits psychologiquement et qui trouvent leur assise identitaire dans la maîtrise totale de l’autre.

À ce sujet, il est important de rappeler ici qu’un des principaux arguments rapporté par les femmes pour ne pas quitter leur conjoint violent est la crainte de voir souffrir leurs enfants qui seraient séparés de leur père. Sur le plan du traumatisme psychologique et de ces conséquences dans la vie adulte, il faut savoir qu’une séparation, même difficile, aura moins d’impact pour un enfant que d’être témoin de violences conjugales surtout que la plupart du temps, l’enfant joue le rôle de protecteur du parent en souffrance alors qu’il n’a pas la maturité nécessaire.

On ne peut pas parler de la violence conjugale sans dire un mot des cycles de la violence ; il a été observé qu’après un épisode violent, il y a la plupart du temps une phase de réconciliation très intense, avec demande de pardon, promesses de ne plus recommencer, cadeaux, fleurs… On nomme cette phase ”lune de miel”. Puis progressivement, la tension se réinstalle, jusqu’à un nouvel épisode violent.

Durant cette période de lune de miel, la femme retire sa plainte qu’elle a éventuellement déposée, renonce aux aides qu’elle a pu demander, et se montre confiante dans ce qui lui semble être un nouveau départ.


Prise en charge

Que demandent les femmes le plus souvent ? De rester avec leur conjoint, mais qu’il cesse d’être violent.

Rêve insensé qui ne peut se réaliser que si le conjoint violent est conscient du mal qu’il inflige a son couple et qu’il a un réel désir de  changer, ce qui est rarement le cas. Dans ce type de système relationnel c’est toujours la victime, la femme, qui est coupable…

Ce changement ne peut s’opérer que par une prise charge psychothérapeutique, celle-ci peut d’ailleurs faire l’objet d’une injonction dans le cadre d’une décision de justice, obligation pour l’auteur de se faire soigner.

La prise en charge de la femme victime de violences conjugales est longue et difficile. Son état de grande détresse psychologique est bien souvent tel qu’il lui est difficile de faire des choix qui la protégeraient, elle oscille entre porter plainte, puis retirer la plainte, retourner avec le conjoint, pardonner, aimer toujours puis subir à nouveau, en étant à chaque fois un peu plus affaiblie. D’autant plus, que quitter son conjoint violent est une tache difficile : quitter le conjoint veut souvent dire se retrouver dans un foyer ou une chambre d’hôtel, se cacher avec les enfants, trouver un emploi…


Les aides possibles

Le médecin : il est le plus souvent le mieux placé pour effectuer le repérage des situations de violence, le diagnostic de leurs conséquences, de proposer les soins nécessaires, et de témoigner par le biais du certificat médical. Il a aussi la possibilité de porter à la connaissance de la justice des situations de violences concernant des personnes en état de particulière vulnérabilité.

Les associations : elles sont nombreuses, souvent mal connues des professionnels de santé. Elles offrent une expérience, un accueil sans jugement, des aides de psychologie, souvent une aide matérielle pour assurer la sécurité, trouver un hébergement, voire un conseil juridique gratuit. Des avocats travaillent bénévolement avec certaines associations. « City of Hope » à Dubai, ONG. Accueil de femmes victimes de violence domestique. Cet abri leur fournit un toit, à manger et une aide légale. La Dubaï Foundation for Woman and Children, organisation gouvernementale, est normalement aussi a même de jouer ce rôle. (Helpline 800111 – Email : help@dfwac.ae)

La justice : La violence conjugale étant un délit, l’auteur peut se voir condamner par le tribunal correctionnel. Cela suppose que la femme porte plainte, et que cette plainte connaisse une suite au moyen du procureur de la république. Or, en cas de dépôt de plainte, deux phénomènes peuvent se produire : soit les violences redoublent, et sous la menace de violences encore pires, la femme va retirer sa plainte ; soit la lune de miel suit l’épisode violent, et la femme confiante, va retirer sa plainte. Les deux occurrences sont tout à fait catastrophiques tant en ce qui concerne la crédibilité de la femme vis à vis de la justice qu’en termes de reprise d’ascendant sur elle par le conjoint qui a retiré sa plainte.  Ce dépôt  de plainte doit être prépare souvent avec l’aide  d’un psychologue. Le Consulat ne peut pas enregistrer la plainte, en revanche, il peut fournir une liste d’avocats susceptibles d’aider la victime dans ses démarches à Dubai.


La question des violences conjugales doit être abordée sans à priori et de manière pluridisciplinaire (médecins, psychologues, travailleurs sociaux, justice). Son approche participe à la fois de la réflexion sur la place et le rôle des personnes en fonction de leur sexe dans notre société et sur une connaissance psychodynamique des comportements violents et de ce qu’ils induisent chez ceux qui les subissent.

C’est une question qui soulève des problèmes lourds de conséquences, mais il y a des solutions. Il faut surtout ne pas rester seules, parler : à son médecin, à une amie, à la famille, aux associations. La honte et l’envie de se cacher sont toujours très présentes, mais il faut avoir en tête que cette situation malheureusement n’est pas rare et que la femme victime de violences n’est pas seule, qu’elle peut être aidée.


Véronique Cugnet-Richard
Psychologue Clinicienne
SYNERGY MEDICAL CENTER
Tel : 04 348 54 52 – 050 718 37 64

Véronique Cugnet-Richard

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