Gad Elmaleh revient aux Émirats : rencontre avec un humoriste qui parle à toutes les cultures

gad Elmaleh festival Abu Dhabi Comedy season

Gad Elmaleh revient aux Emirats arabes unis et pour une date seulement ! Dans le cadre de la tournée internationale de son spectacle « Lui-même », l’incontournable humoriste francophone sera à l’Etihad Arena d’Abu Dhabi le 30 mai lors du festival Abu Dhabi Comedy Season.
Pour l’occasion, nous avons reçu Gad Elmaleh en interview. Un échange drôle et spirituel, aussi léger que profond, tout comme son spectacle… Vous l’aurez compris, nous avons hâte d’aller le voir !

Gad Elmaleh, vous êtes venu sur scène en 2024 à l’Opéra de Dubai, pour le spectacle « Lui-même ». Pour les lecteurs qui vous avaient vu à cette occasion : est-ce que votre spectacle a évolué depuis ?

Oui totalement, parce qu’à l’époque, j’étais en rodage du spectacle ! Aujourd’hui, il a beaucoup changé, c’est une version nouvelle du show. Ceux qui l’ont vu à Dubai peuvent tout à fait venir le voir à Abu Dhabi car j’adapte le spectacle en fonction de là où je vais – c’est important pour moi.
C’est d’ailleurs la première fois de ma vie que je vais à Abu Dhabi, et que je vais jouer là-bas – j’étais même assez surpris de savoir qu’il y avait autant de francophones. J’ai hâte !

Vous retravaillez votre spectacle pour chaque lieu où vous montez sur scène ?

Oui, car il y a de l’improvisation quand je me retrouve face au public. Parce qu’il y a le langage, les langues, l’endroit où je joue… Je vous donne un exemple : quand je joue en français dans des territoires non francophones – je pense par exemple à New York quand j’ai fait le Beacon Theatre – je suis obligé de parler des francophones et de leur rapport à l’anglais, et des francophones et de leur rapport aux Etats-Unis.

Et ici, je pense que c’est la même chose. Avec mon envie de comprendre les francophones, les Français, les Marocains ou n’importe quelles nationalités aux Émirats. Je veux la partager avec le public.

Comment faites-vous pour intégrer ces moments d’improvisation ?

Je vais vers les gens, je veux comprendre. Donc forcément il y a de l’interaction et il y a aussi de l’improvisation.
En fait, c’est assez simple dans le sens où on a un spectacle qui est établi, donc je sais à peu près où sont les portes dans notre show. J’appelle ça des portes, qu’on peut ouvrir à l’intérieur même du spectacle pour pouvoir aller vers un nouveau terrain d’improvisation, mais qui reste organique, qui reste cohérent, qui reste sérieux.

Il ne s’agit pas de faire une espèce de désordre. J’ai des marqueurs clairs dans mon show que je peux même décliner. Et demain, si je vais jouer à Shanghai pour des francophones, je sais où je vais ouvrir une porte pour improviser. Et l’improvisation, c’est bien sûr gracieux et spontané, mais ça doit être fait dans un cadre.

Gad Elmaleh, vous connaissez bien la région maintenant ! Qu’est-ce qui vous plaît quand vous jouez aux Émirats arabes unis ?

D’abord, il y a la francophonie. C’est très important et c’est assez magique de pouvoir connecter avec les gens par sa langue.
Quand je joue à Dubai en français, il y a un truc très intéressant : c’est que le point commun de tout le monde, c’est cette francophonie. C’est une forme de fraternité finalement la francophonie, entre des gens d’horizons et de cultures très différents. C’est le rapport entre un Camerounais, un Libanais, un Marocain, un Suisse ou un Français. Et justement, grâce à cette francophonie, je peux m’adresser à un public mélangé. Ça permet de l’impro, des blagues là-dessus, un peu de dérision aussi.

Il y a aussi quelque chose d’assez touchant. Quand j’ai joué à Dubai, des groupes de Libanais ont voyagé pour voir le show et ça m’a toujours beaucoup touché. C’est assez complexe d’aller jouer au Liban, encore plus maintenant malheureusement. Cet intérêt, et que ces fans viennent depuis le Liban, c’était vraiment très touchant.

Et qu’aimez-vous à Dubai et aux Émirats arabes unis ?

Dubai a quelque chose d’assez fascinant, il y a plein de choses à Dubai ! On peut à la fois avoir un regard amusé, voire moqueur, de pas mal de choses qui nous paraissent superficielles… Et en même temps, quand on creuse, on voit des choses qui sont de l’ordre du progrès pur, de l’évolution.

Moi par exemple, j’ai un jeune fils qui a 11 ans et il me parle des Émirats. D’ailleurs c’est marrant c’est la seule date sur laquelle il veut venir avec moi !
Alors à Dubai, bien sûr qu’il y a de la médiocrité et des choses un peu faciles, comme partout, mais quand elles sont vertueuses aux Émirats, il y a quelque chose de l’ordre du progrès, tourné vers le futur, vers la jeunesse, vers le monde des possibles, vers une quête de succès que la jeunesse aime bien.
C’est quelque chose qui m’intéresse et je partage ça avec mes enfants.

Et puis après, je suis arabophone, je suis né au Maroc, donc il y a la langue arabe aussi. C’est ma deuxième langue, bien que l’arabe marocain soit très différent de l’arabe classique. Mais je lis et j’écris l’arabe, donc je suis connecté avec le langage.
Le langage pour moi, ce n’est pas que parler. Le langage, c’est la psychologie, c’est même la sociologie d’un peuple.

Votre humour rassemble des publics de toutes cultures et religions. Est-ce une mission que vous vous êtes donnée ?

C’est une bonne question, parce que je le ressens en ce moment et je crois que ça a changé. Je crois que le fait de réunir les gens, faire rire des gens si différents, ça a été pendant longtemps la conséquence de ce que je suis, du travail que je fais et aujourd’hui c’est vraiment un but, c’est une mission. J’aime ce mot, même s’il paraît un peu sérieux ou qu’il côtoie un peu peut-être le religieux.

Et du coup, Gad Elmaleh comment vous la transmettez cette mission ?

Alors je ne vais pas évangéliser, mais je vais aller vers les gens pour envoyer un message de fraternité, surtout en ce moment. Ce que j’envoie comme message avant tout, c’est de dire : on est différents, mais on est tous ensemble dans la même salle, en train de rire.

Et après je casse un peu ça avec du comique. D’ailleurs, j’ai un nouveau passage qui n’existait pas avant : sur qui est dans la salle, le mélange que nous avons. Et alors ça permet de montrer aux gens qu’on est capables de s’entendre. Et que le rire nous aide énormément pour ça. Et c’est une vraie mission.
Après j’essaie de pas trop me prendre au sérieux, mais si mon spectacle est un message de paix, alors là, j’aurais réussi ma carrière.

Depuis votre film « Reste un peu », est-ce que cette quête de spiritualité a changé quelque chose dans votre façon d’écrire ? Et va-t-elle se retranscrire dans vos futurs spectacles et projets ?

Alors les projets comme au cinéma, je ne sais pas… Parce qu’on est là pour endosser des personnages, avoir des rôles différents… Mais je crois que mon travail sur scène et mon travail d’auteur vont être assez souvent teintés de cette volonté d’œcuménisme, de message, de spiritualité.

Il ne s’agit pas de convaincre les gens sur l’une ou l’autre religion, mais aussi de tendre la main aux gens pour qu’ils soient à l’aise avec leur foi, leur pratique, et qu’on arrête d’en avoir peur.
Pour essayer d’expliquer qu’on est chacun avec notre identité, une richesse pour l’autre.

Alors ça paraît bien sûr être un discours un peu bisounours d’acteur ou d’actrice en promo au Festival de Cannes… Mais s’il faut passer par là pour remporter la paix, alors je veux bien avoir l’air d’une actrice à Cannes !

Gad Elmaleh, votre spectacle s’intitule « Lui-même ». Est-ce que vous avez un conseil pour être soi-même ?

J’avais lu une phrase qui m’avait touché : on n’atteint pas la lumière et on n’est pas lumineux quand on va vers la lumière, on est lumineux quand on plonge dans notre obscurité, dans nos ténèbres, qu’on essaie de fouiner là-dedans, de régler des choses.

On trouve la lumière par la suite. Et je crois que la seule chose que je peux donner comme conseil – même si c’est très prétentieux de dire conseil – ce serait de partager mon expérience plutôt. Et c’est d’assumer, d’accepter sa part d’ombre, d’essayer de l’explorer, surtout sa faiblesse, surtout ses travers.

D’ailleurs les failles pour moi, ce sont des petites entailles à travers lesquelles peuvent rentrer la lumière. C’est comme les blessures. Donc je pense que la seule chose que je peux dire – que je trouve douloureuse mais utile et bénéfique, même gratifiante – c’est d’explorer sa connerie, sa médiocrité, d’aller voir les côtés qu’on n’aime pas trop… C’est compliqué, c’est le travail d’une vie.

Gad Elmaleh abu shabi comedy show

Réservez votre place pour le spectacle de
Gad Elmaleh « Lui-même » à Abu Dhabi Etihad Arena le 30 mai !

Marine Baaklini

Rédactrice en chef de Dubaimadame, Marine est également professeure de Yoga. Ce qui la passionne ? Les méthodes naturelles pour vivre mieux, l’entrepreneuriat, le développement de l’enfant et tous les projets inspirants que Dubaï a à offrir.