Cancer du sein à Dubai : rencontre avec le Dr. Afaf Sahraoui, chirurgien spécialisée du sein, de la thyroïde et des parathyroïdes
- SANTÉ - BIEN-ÊTRE
Marine Baaklini
- 14 octobre 2025
- 9 minutes read


Dr. Afaf Sahraoui, chirurgien spécialisée dans la chirurgie du sein, de la thyroïde et des parathyroïdes, nous éclaire sur un véritable enjeu de santé publique à Dubai : le cancer du sein.
En effet, à l’occasion d’Octobre Rose, mois dédié à la sensibilisation, il est important de rappeler que cette maladie reste le cancer le plus fréquent chez les femmes, représentant près d’un cancer féminin sur quatre.
Aux Emirats arabes unis, la situation est particulièrement préoccupante : on y observe cinq fois plus de cas de cancers chez les jeunes adultes que dans des pays comme le Royaume-Uni ou les Etats-Unis. Et le cancer du sein figure parmi les plus fréquents.
Nous avons rencontré le Dr. Afaf Sahraoui, chirurgien spécialisée dans la chirurgie du sein, de la thyroïde et des parathyroïdes. Forte de plus de dix ans d’expérience internationale, elle nous parle de l’importance du dépistage précoce et nous rappelle le rôle primordial d’un mode de vie sain dans la prévention.
Dr. Afaf Sahraoui, pourquoi le dépistage précoce du cancer du sein est-il essentiel, et à quel âge les femmes devraient-elles commencer ?
A partir de 20 ans, toutes les femmes devraient pratiquer l’autopalpation des seins afin de se familiariser avec leur poitrine. L’autopalpation doit être effectuée au maximum une fois par mois, de préférence vers le milieu de cycle.
L’objectif n’est pas que les femmes posent elles-mêmes un diagnostic, mais qu’elles connaissent suffisamment leur poitrine pour réagir en cas d’anomalie et consulter un médecin.
De nombreux pays disposent de programmes de dépistage du cancer du sein, et l’âge du dépistage varie d’un pays à l’autre. Aux Émirats arabes unis par exemple, la recommandation est de commencer le dépistage à partir de 40 ans.
Dr. Afaf Sahraoui, on associe souvent le cancer du sein aux femmes après 50 ans. Pourquoi les femmes plus jeunes doivent-elles aussi être vigilantes ?
L’âge médian du cancer du sein aux Émirats arabes unis est en réalité de 48 ans. A titre de comparaison, l’âge médian en Norvège est de 62 ans.
La population des Émirats arabes unis est plus jeune et plus diversifiée ethniquement que dans la plupart des pays occidentaux. Ici, environ 24% des patientes atteintes d’un cancer du sein ont moins de 40 ans. C’est pourquoi il est primordial de prendre soin de sa poitrine et de procéder à des examens réguliers. De plus, le cancer du sein a tendance à être plus agressif avec l’âge. Cependant, un diagnostic précoce permet de le traiter.
Vous insistez beaucoup sur l’importance du mode de vie. Quels sont, selon votre expérience et les études actuelles, les facteurs liés ?
Le manque d’activité physique, le tabagisme et l’obésité sont tous associés au cancer du sein. De plus, l’alcool est le facteur de risque alimentaire le plus fréquent.
Bien que nous ne connaissions pas précisément la cause du cancer du sein, nous savons que certains facteurs sont associés à un risque accru de développer la maladie. Certains facteurs de risque sont immuables, comme le sexe, l’âge, les antécédents familiaux, la génétique, etc. Cependant, nos modes de vie sont des facteurs sur lesquels nous pouvons agir.
Vous êtes également spécialisée dans la chirurgie de la thyroïde et des parathyroïdes. Existe-t-il des liens ou interactions entre les troubles endocriniens et les risques de cancer du sein ?
Il n’existe aucune preuve claire d’un lien entre les maladies thyroïdiennes et le cancer du sein.
Cependant, la plupart des sous-types de cancer du sein sont hormono-sensibles. Ainsi, un trouble qui affecte les niveaux hormonaux, la liaison des hormones ou leur métabolisme pourrait, en théorie, modifier le risque de cancer du sein. Les études menées jusqu’à présent sont encore trop limitées et ne permettent pas de conclure à un lien clair entre le cancer du sein et les troubles endocriniens.
Heureusement, avec l’intérêt croissant ces dix dernières années pour la santé des femmes, nous pouvons espérer obtenir davantage de réponses à l’avenir, grâce à des recherches plus poussées et plus de financement.
En attendant, il est important de garder à l’esprit que le cancer de la thyroïde est le cancer endocrinien le plus fréquent aux Émirats arabes unis, et le deuxième cancer le plus répandu chez les femmes, après le cancer du sein.
En quoi votre expérience de chirurgien du sein apporte-t-elle un regard différent sur la prévention et le dépistage précoce ?
Un chirurgien du sein est confronté chaque jour à l’évolution naturelle du cancer du sein, depuis les toutes premières lésions jusqu’aux formes les plus avancées. Ce point de vue unique offre une compréhension très concrète et profonde des conséquences d’un diagnostic tardif.
J’ai été témoin, à plusieurs reprises, de situations où quelques mois de retard suffisent à faire malheureusement basculer une maladie potentiellement curable à une forme généralisée et incurable.
En tant que chirurgien spécialisée dans un domaine très précis, je constate aussi de nombreuses idées reçues chez mes patientes concernant les symptômes. Ce contact direct nous permet, à mes collègues et moi, d’identifier les lacunes en matière d’information. Et de corriger certaines croyances que les campagnes de sensibilisation abordent trop rarement.
Je me sens aussi extrêmement reconnaissante et honorée de pouvoir accompagner mes patientes tout au long de leur parcours vers la guérison.
Cette expérience m’a appris que mon outil le plus précieux n’est pas le scalpel – car la chirurgie est finalement la partie la plus simple – mais la relation humaine et l’empathie. C’est cela qui fait que mes patientes me font confiance, ainsi qu’à mon avis professionnel.
Contacts du Dr. Afaf Sahraoui :
Chirurgien spécialisée dans la chirurgie du sein, de la thyroïde et des parathyroïdes
NMC Royal Hospital, Dubai Investment Park (DIP), localisation
Pour prendre rendez-vous : +97 180 0313 / prendre rendez-vous en ligne