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La littérature pour enfants est-elle sexiste ?



Les femmes apparaissent trop souvent comme secondaires, dépendantes, soumises et conformes au modèle social dominant.
« On ne nait pas femme, on le devient. » Dès 1949, Simone de Beauvoir dénonce la hiérarchie des sexes distillée dès le plus jeune âge dans les chansons, les légendes et la littérature pour enfants. Avec la montée des revendications féministes dans les années 70, de nombreuses études font la chasse au sexisme et préconisent des actions en vue de son élimination. Quarante ans plus tard, qu’en reste-t-il ?

D’après des études sur la littérature enfantine francophone ces dix dernières années, les conclusions révèlent que si les stéréotypes les plus fragrants se sont estompés, ils n’ont pas disparu. Non seulement, nombre de livres anciens sont encore en circulation ou réédités, mais aussi la plupart des ouvrages récents continuent, de façon subtile et inconsciente, à établir une hiérarchie des genres.




L’opposition des genres

La représentation traditionnelle des rôles, où chaque sexe se voit attribuer des qualités, des activités et des espaces interdits au sexe opposé persiste, même dans les livres récents, à travers un certain nombre d’objets symboliques.

Le fauteuil : c’est le trône du père, siège de son autorité et symbole de son repos bien mérité après une rude journée de travail. Il s’est déplacé de l’âtre vers le téléviseur. Papa y lit le journal, signe de son intérêt pour les affaires du monde.

Le tablier : dans n’importe quelle situation, il distingue la mère des autres femmes. Il symbolise son appartenance à la sphère domestique, tout comme le cabas, le caddie ou la poussette.

La fenêtre : les filles restent plus souvent représentées à l’intérieur qu’à l’extérieur, dans des lieux privés plus que publics, et dans des activités plus passives qu’actives.

Le bateau : vivre des aventures, jouer en plein air et faire des bêtises sont des activités plus spécifiquement attribuées aux garçons.



Le masculin universel

dans la majorité des ouvrages étudiés, peu de personnages sont porteurs de caractéristiques sociales ou culturelles explicites : le sexe et l’âge prennent d’autant moins de relief.

Moins d’héroïnes : seuls 40% des protagonistes sont féminins. Les animaux puissants : lions, ours, loups, sont le plus souvent de sexe masculin, alors que les souris, taupes et insectes sont féminins.

Signes extérieurs de féminité : les fille sont dessinées de manière plus connotée que les garçons (jupe, accessoires, poitrine, longs cils plutôt que cravates, moustaches, barbes, muscles…). Un personnage asexué est donc interprété comme masculin, faisant de ce sexe le « genre par défaut ».

Le double casquette du père : il colonise les territoires féminins sans que l’inverse ne se produise. Il a à la fois une activité professionnelle variée et valorisante, et participe de plus en plus à la vie familiale.

Le rôle figé de la mère : lorsqu’elle a un métier, la femme reste cantonnée aux secteurs de l’enseignement, du soin aux enfants et du commerce.




L’inversion des rôles

Des contre-stéréotypes apparaissent de façon récurrente, mais ils sont souvent traités sur le mode humoristique, ce qui n’en fait pas nécessairement des modèles d’identification.

Filles intrépides : la représentation des héroïnes est celle qui s’est le plus modernisée. Dans la lignée des Fifi Brindacier, elles sont délurées, imaginatives, courageuses…

Garçons tendres : si les filles sont estimées quand elles font des « trucs de garçons », le contre-modèle du garçon sensible, timide ou qui joue à la poupée reste rare.

Maman travaille : elle commence à être représentée dans des activités professionnelles valorisées ou lisant le journal dans le fauteuil du salon.

Papa coud : comme pour le garçon, l’homme adulte à encore tendance à être ridiculisé dans les tâches « féminines » : quand il coud, par exemple, il n’a pas l’air à l’aise ; quand il fait la vaisselle, il porte le tablier à volants de maman.



De manière plus générale, le fait que les livres pour enfants donnent une représentation stéréotypée et rigide de la société, sans tenir compte de son évolution, tout au moins concernant le rôle de la femme, pose problème. En effet, les enfants comprennent seulement vers 5-7 ans que le sexe d’un individu est une donnée biologique. Avant cet âge, les enfants sont convaincus que l’on est un garçon ou une fille en fonction de ses comportements, attitudes, apparences,… .
Aussi vont-ils accorder une attention particulière à leur environnement social pour essayer de décrypter, déduire ce qui relève de chaque sexe. En ce sens, les livres pour enfants sont responsables, au même titre que d’autres médias, de la reproduction des stéréotypes de sexe.
A nous de faire changer les chose donc !

La rédaction maman

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