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Dubai International Film Festival : rencontre avec la réalisatrice libanaise de « Submarine » !

Une héroïne sublime, qui colmate les brèches de son appartement, mais aussi celles de sa vie amoureuse, et peut-être même d’une société entière qui se cherche. Une sensualité toute moyen-orientale, un tango envoûtant, et des masques qui apprivoisent bien plus que les odeurs nées de la crise des déchets au Liban.
Et un pub, enfin, le Submarine, qui accueille les prémices de l’exil.
 
Voilà de quoi nous sortir un temps, celui du court métrage, de l'atmosphère des grosses productions habituelles. 
Voilà de quoi nous rappeler la complexité de la région dans laquelle nous vivons, tout en nous permettant de nous évader et de songer à l’essence même de notre propre expatriation…
 
Submarine est un court-métrage réalisé par Mounia Akl et produit par Cyril Aris qui sera présenté lors du Dubai International Film Festival les 11 et 13 décembre au sein du Muhr Short (03) package, un ensemble de films de courte durée étonnants.
Après un retour très chaleureux au Festival de Cannes où Submarine a fait partie de la sélection officielle de 2016, l’équipe a sillonné l'Espagne, l’Italie, la Turquie et les Etats-Unis. Submarine vient d’ailleurs d’être primé à Denver.
 
 
A PROPOS DU DIFF – DUBAI INTERNATIONAL FILM FESTIVAL 
Le Festival se tient cette année du 7 au 14 décembre. 155 films issus de 55 pays, et aux formats divers, y sont présentés, principalement à Madinat Jumeirah et au Vox de Mall of the Emirates. Le Festival inclut des événements variés allant de débats avec des réalisateurs tels que le vainqueur de l’Academy Award, Asif Kapadia, à ‘Lumière! Inventing Cinema’ projeté le 8 décembre et mettant en scène la première expérience cinématographique, celle des Frères Lumières en 1895.
 
RENCONTRE AVEC LA REALISATRICE FRANCOPHONE MOUNIA AKL
 

La talentueuse et francophone Mounia Akl a accepté de répondre à nos questions, de nous éclairer sur ses choix et sur le personnage principal qu’elle a créé.

Un personnage qui fait écho à certaines de nos questions d’expatriés et nous offre peut-être aussi quelques réponses…

Submarine a été sélectionné cette année au Festival de Cannes ? Comment a-t-il été reçu, selon vous, par la communauté française ?
Réaliser que des audiences non libanaises ont pu s'identifier au conflit que j’explore dans le film, et au personnage de Hala, fut très gratifiant. A Cannes notamment. C’est important pour moi que le film soit un microcosme du monde, à travers l'expérience du Liban, et que l’audience perçoive qu'il ne se limite pas à une simple crise de déchets.
 
Pourquoi présenter Submarine ici, à Dubaï ? Connaissez-vous la ville et vous y plaisez-vous ?
C’est un grand plaisir pour moi d’être dans la sélection officielle du Festival International du Film de Dubai. Dubai est un véritable hub de l’industrie au Moyen-Orient, et il s'agit d'une belle réunion avec les artistes et réalisateurs de la région. C’est aussi l’avant première du film au Moyen-Orient, et projeter Submarine ici est un moment que j’attends impatiemment depuis le jour où j’ai écrit le scenario. Je connais Dubai, mais pas assez. Je suis donc heureuse d’y revenir.
 
Votre personnage principal, Hala, est à contre-courant d'un mouvement d'exil. Comment votre propre rapport à l'exil s'inscrit-il dans ce film? 
Hala est un mélange de beaucoup de choses. Hala, c’est le personnage sur le papier, mais c’est aussi moi, et c’est Yumna Marwan (l’actrice principale). Elle est représentative d’un déni collectif, d’un refus d’accepter la gravité d’une situation ou même d’être imperméable à cette situation à cause du passé. C’est une écorchée vive qui a peur d’aimer, mais qui veut aimer.
Oui, j’ai connu cette peur de l'exil, à plusieurs niveaux, personnel et politique. La peur d’accepter la fin d’un chapitre, la peur d'envisager que certaines batailles soient perdues. J’ai aussi connu la perte de l’espoir, le ras-le-bol. Au niveau politique par exemple, il est parfois difficile de se dire, « C‘est possible, ce petit bout de pays va se relever, on va y arriver ». On commence à se demander si dans ce cas, il y a une différence entre déni et espoir, comme dans une rupture amoureuse. Mais jamais, comme mon personnage, je ne suis arrivée au point de vouloir abandonner.
 
La musique ajoute une sensualité incroyable aux échanges laconiques de votre court métrage. Qu'est-ce qui a présidé ce choix?
La musique, dans ce film, est un produit du monde interne de Hala, il est la réalisation de son combat, son effort pour rassembler, et l’expression de sa peur de perdre ceux qu’elle aime, de tirer un trait sur le passé. 
Le compositeur, Paul Tyan, est un compositeur avec qui je suis heureuse de collaborer depuis le tout début. Nous avons choisi « Tango El Amal » de Nour El Hoda, une chanson culte à nos yeux. Nous voulions que dans le film, cette chanson devienne un pont entre le passé et le présent, entre les différentes générations présentes dans le pub Submarine, et surtout, un moment, un espace, entre mémoire et déni. 
Cette chanson devait être un contraste au son de la pluie acide, des hauts parleurs appelant à l’évacuation. Elle devait être l’écho à une période plus tendre, plus sensuelle, moins sombre…
 
A PROPOS DE MOUNIA AKL
Mounia Akl est une jeune réalisatrice Libanaise, francophone, qui a poursuivi des études d’architecture au Liban avant d’intégrer l’École de Cinéma de Columbia University, à New York. Forte de ce virage qu’elle décrit comme naturel puisque «l'architecte comme le cinéaste mettent en scène la vie, chacun à leur manière, un peu plus pragmatique chez l’un, un peu plus rêvé chez l’autre », et des rencontres qu’il a générées, Mounia a écrit 4 courts et 2 longs métrages qui lui ont permis de parcourir le monde, et de se nourrir de rencontres toujours plus constructives.

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Marianne Tafani

La rédaction, c’est une équipe de passionné(e)s par l’écriture et les « histoires » de Dubai. Retrouvez l’ensemble de l’équipe rédactionnelle actuelle sur la page Qui-sommes-nous.

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