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Kim Kardashian, une icône de la liberté.

Pour des français il est difficile de refreiner des cris d’horreur á chaque fois que l’on entend parler de Kim Kardashian, surtout en ce moment après l’annonce de son divorce dix jours après être passée á Dubai.

Et pourtant, il est intéressant de comparer notre opinion avec celle des femmes et jeunes femmes émiriennes. Celles-ci sont en admiration complète devant Kim Kardashian et son succès. Pour ceux qui par chance, ou malchance, étaient à Dubai Mall lors de la venue de Kim Kardashian a l’ouverture de son Millions of Milkshakes et le jour suivant à Sephora pour promouvoir son parfum, il était impressionnant de noter que la plupart des « fans » présents étaient de jeunes femmes émiriennes. Et beaucoup regrettent de ne pas avoir pu se déplacer pour cet « événement majeur à Dubai ».

Si pour des européennes en général, et des françaises en particulier, il est difficile de cautionner ce besoin de rendre public chacun de ses fais et gestes, que ce soit par le biais de sa vie familiale exposée dans un reality show, que ce soit les innombrables entrevues qu’elle donne, que ce soit pour ses impressions et humeurs mises sur twitter et lues par des millions de « followers » ; il est intéressant de voir comment la femme arabe en général, et émirienne en particulier, est au contraire fascinée par Kim Kardashian au point d’en faire une icône. Et pas n’importe laquelle : une icône de la liberté.

Pour cela, il faut avant tout un phénomène d’identification, et dans le cas de Kim Kardashian il est triple.

Elle est d’origine iranienne comme beaucoup d’émiriennes. Effectivement, au début du XX siècle il y a eu une grosse vague d’immigration d’iraniens voulant échapper aux taxes et difficultés commerciales mises en place dans la région de Bastak et Bandar-Abbas après la reprise en main par les perses de cette annexion omanaise (d’ailleurs ces immigrants de Bastak ont donné le nom au quartier et au type de maison de Bastakiya). L’auto identification à une descendante d’immigré iranien est donc immédiate d’autant plus fortement que sa vie, son environnement, contraste avec ceux d’une société conservatrice comme celle dans laquelle évolue les émiriennes.

Ensuite, l’identification se fait par l’importance qu’a la famille pour Kim Kardashian : l’émission de téléréalité s’appelle « Keeping up with the Kardashians’ et non pas « with Kim » ; elle a été le moteur de la célébrité de ses sœurs ; l’avis de ses proches prime sur l’avis des autres ; et plus important, sa mère est sa plus proche conseillère. Et si les françaises peuvent se passer allégrement de l’avis de leur(s) sœurs et mère, sans parler des oncles et tantes, ce n’est certainement pas le cas des émiriennes pour qui la famille est le ciment de tout épanouissement individuel. Nombre de divorces se font aux Émirats non pas pour des conflits de couples, mais tout simplement parce que la famille n’aimait pas le mari.

Enfin, l’identification se fait par l’élégance et la maitrise  de soit dont fait preuve Kim Kardashian. Les émiriennes sont généralement d’une surprenante élégance et malgré l’Abbaya ont peut distinguer des vêtements qui les mettent en valeur, des talons qui affinent la silhouette et imposent une démarche féminine, et un art du maquillage qui met formidablement en valeur leur bouche et leur regard. De même, Kim Kardashian n’est jamais dans les rubriques « problème de garde-robe » comme peuvent l’être périodiquement d’autres icônes de notre temps telles que Lindsay Lohan, Britney Spears, ou encore, Paris Hilton.

Une fois cette identification faite, les émiriennes sont fascinées par les sentiments de liberté que cette jeune femme apporte et qui la transforment en icône.

La liberté financière devient un objectif majeur pour les émiriennes. Elles font de plus en plus d’études commerciales afin d’avoir un salaire ou des responsabilités supérieurs. Beaucoup utilisent leur temps libre pour créer leur propre petite entreprise. Et donc voir une jeune femme gagner 18 Millions de dollars pour la publicité de son mariage est pour elles le summum de l’intelligence entrepreneuriale.

La liberté d’agir aussi, forcément, car décider de son propre divorce pour raison irréconciliable n’est pas  pour les émiriennes quelque chose d’impensable. Il y a un taux de divorce de 46% actuellement aux émirats qui est dû en grande partie á la volonté des jeunes mariées, pour incompatibilité dans la vision du mariage ainsi que du  rôle de la femme dans le couple. D’ailleurs nulle n’aura été choquée d’un mariage prononcé 11 mois seulement après la 1ère rencontre : c’est quasiment la norme dans la société émiratie.

C’est en cela que Kim Kardashian est donc l’expression la plus iconographique des transformations sociales que les émiriennes sont entrain de générer en ce moment.




Stephane Viennot

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