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Lectures : un printemps féminin !

Le printemps célèbre la renaissance, l’éclosion de la nature et  évoque métaphoriquement la fécondité. En cette saison, ce sont donc les femmes écrivains que j’ai eu envie de mettre à l’honneur. Nous en connaissons d’illustres dans l’histoire de la littérature et nous en découvrons à chaque rentrée qui nous prouvent s’il en était besoin que le talent n’est pas une question de genre. 
 
J’ai l’embarras du choix cette année encore et la sélection des textes que je vais vous présenter aujourd’hui est moins dictée par mes préférences que par l’obligation de faire un tri. C’est ainsi que j’ai mis de côté en dépit du plaisir que j’ai éprouvé à les lire les derniers textes de Sybille Grimbert (La Horde), Saphia Azzedine (La Mère), Claudie Gallay (La Beauté des Jours), Marie Darrieussecq (Notre vie dans les Forêts), Alice Zeniter (L’Art de perdre), Eva Ionesco (Innocence), Colombe Schneck (Les Guerres de mon père) ou Sophie Fontanel (Une Apparition). 
Il y a celles que j’attendais : Catherine Pancoll avec Trois Baisers et Delphine de Vigan avec Les Loyautés et celles que je n’attendais pas : Laetitia Colombani avec La Tresse et Isabelle Carré avec Les Rêveurs. Les premières ne m’ont pas déçue, surtout Delphine de Vigan ; les suivantes m’ont enchantée surtout Isabelle Carré.
 
  • Les Attendues…
Elles partagent la même blondeur, le même dynamisme, Delphine de Vigan a été directrice d’études dans un institut de sondage et Katherine Pancol, prof de lettres puis journaliste, elles ont aussi en commun la production de Best-Sellers. Leurs grands succès :  » D’après une histoire vraie  » et  » Les Yeux jaunes des crocodiles  » ont été adaptés au cinéma par Olivier Assayas et par Cécile Telerman. Elles suscitent le même engouement auprès du public et de longues queues se forment devant leurs tables respectives dans les différents salons. Les sorties de leurs nouveaux romans sont attendues et les ventes s’envolent très vite, deux femmes bien dans leur époque, plébiscitées par les lecteurs depuis plusieurs années…
 
Les Loyautés de Delphine de Vigan
 
 
Delphine de Vigan nous plonge dans les méandres d’un tragique quotidien. Comment ne pas se retrouver dans l’hypersensibilité d’une prof de collège d’autant plus concernée par les difficultés de ses élèves qu’elles la replongent dans un passé douloureux… Comment ne pas avoir le cœur serré face à deux gamins qui noient leur mal- être dans l’alcool cachés sous un escalier de leur collège dans l’indifférence générale. L’auteur manie la plume comme un scalpel et dissèque le cœur de ses personnages avec un souci de vérité et d’humanité implacables. A travers Théo et Mathis, c’est la vie en alternance des enfants de parents divorcés, c’est la vie en souffrance par procuration des enfants de parents au chômage qui servent de toile de fond à cette histoire d’amitié, d’amour, de loyautés enfin. La loyauté, qualité ou non- sens quand il s’agit de sauver un enfant blessé ? Trahir la confiance de l’autre, est-ce le trahir quand il s’agit de le sauver ?
L’auteur fait alterner les points de vue des quatre personnages principaux : les deux enfants, la professeur et la mère de Mathis et ce faisant, elle nous entraine dans la logique de chacun et met à jour les liens qui les relient, les retiennent voire même les emprisonnent. Après Rien ne s’oppose à la nuit et D’après une histoire vraie, Delphine de Vigan livre un texte fort et dérangeant qui ne peut que nous interpeller.
 
 » Ce sont les liens invisibles qui nous attachent aux autres – aux morts comme aux vivants-, ce sont des promesses que nous avons murmurées et dont nous ignorons l’écho, des fidélités silencieuses, ce sont des contrats passés le plus souvent avec nous-mêmes, des mots d’ordre admis sans les avoir entendus, des dettes que nous abritons dans les replis de nos mémoires. »
 
Trois Baisers de Katherine Pancol
 
 
Septième tome de la saga des Joséphine, Hortense, Stella… personnages récurrents depuis Les yeux jaunes des crocodiles, Trois Baisers nous emporte de nouveau dans leurs vies pleines de rebondissements. Et c’est avec plaisir que nous les suivons, heureux de les retrouver comme les membres d’une famille éloignée ou les protagonistes d’une série quotidienne à la télé. Nul besoin toutefois d’avoir lu ou de se souvenir des opus précédents pour lire celui-ci. On adhère rapidement aux tranches de vies de femmes sur trois générations aux prises avec leurs difficultés quotidiennes même si elles sont parfois rocambolesques ou plutôt parce qu’elles le sont. Car c’est la marque de fabrique de l’auteur qui introduit au fil des volumes des êtres dignes parfois d’univers parallèles. Ainsi, Junior, enfant très précoce ou Dakota, collégienne mystérieuse et fascinante. On sent au fil des pages l’attachement de Katherine Pancol pour ses personnages et on lui sait gré de ne pas les prendre au sérieux, on entre dans le roman comme dans un jeu et on se laisse prendre, curieux de savoir qui gagnera la partie engagée. Qui embrasse qui ? C’est ce qu’il vous reste à découvrir… 
 
 » Le baiser est signature de Dieu, empreinte et promesse d’amour. Il nourrit, il répare. Il se dépose sur la bouche, le nez, les joues et autres organes que nous refusons de nommer, y laisse un film protecteur. Il soigne les humeurs, restaure la rate, le foie, le poumon, panse et éclaire l’âme, tourne le cœur vers un grand lac d’espoir. De la boue la plus noire, il fait jaillir la flamme. Ne ris pas du baiser ou tu seras DAMNE. Jeté dans les feux de l’Enfer. Reçois Trois Baisers d’amour vrai, et tu seras sauvé. « 
 
  • Les Inattendues…
Elles partagent la même fraîcheur, le même enthousiasme et surtout le même goût pour le 7ème art. Laetitia Colombani est une réalisatrice et une scénariste mais elle est aussi actrice comme Isabelle Carré qu’elle a dirigée dans son premier long métrage :  » A la folie …pas du tout « . Et elles font toutes les deux une entrée remarquée avec leurs premiers romans, salués par la critique et très appréciés par le public. 
Deux femmes promises à un bel avenir dans le monde des lettres… 
 
 
La Tresse de Laetitia Colombani
 
 
 » Aux femmes courageuses « 
Smita, Giulia et Sarah vivent sur trois continents différents. Elles n’ont apparemment rien en commun. Et pourtant entre l’Indienne Intouchable, misérable  » scavenger  » ; la jeune ouvrière Palermitaine, héritière de l’atelier familial ; et la brillante avocate de Montréal, un lien vital se tresse petit à petit au fil des pages. L’écriture de Laetitia Colombani est nette et précise comme la volonté de ses trois personnages, bouleversants d’humanité. La force de l’écrivain est de nous rendre aussi familières les trois héroïnes, de nous permettre de plonger dans leurs trois existences avec la même aisance simplement parce que malgré toutes leurs différences, elles ont un point commun : ce sont des femmes, filles, mères et/ou amantes (tout comme nous) qui se battent pour rendre la vie meilleure. 
J’ai lu ce beau roman en une journée sans pouvoir m’en détacher. Un premier roman… une vraie réussite. Je ne doute pas que la dernière page tournée, vous n’attendiez avec impatience le suivant ! 
 
 » Sarah avait ainsi construit un mur parfaitement hermétique entre sa vie professionnelle et sa vie familiale, chacune suivant son cours, telles deux droites parallèles qui ne se rencontrent pas. C’était un mur fragile, précaire, qui se fissurait parfois, et s’effondrerait peut-être un jour. Qu’importe. Elle se plaisait à penser que ses enfants seraient fiers de ce qu’elle avait construit, et de ce qu’elle était. « 
 
Les Rêveurs d’Isabelle Carré
 
 
Actrice reconnue et célébrée dès 2003 aux Césars pour son premier rôle dans Se souvenir des belles choses, Isabelle Carré compte de nombreux autres succès dans sa filmographie comme Les Enfants du marais, Entre ses mains ou Les Emotifs Anonymes. Elle s’est également distinguée aux Molières à plusieurs reprises et est saluée par l’ensemble des journalistes qui comme elle le dit elle-même avec malice lui attribuent systématiquement deux adjectifs :  » discrète et lumineuse « . Elle revient donc sur le devant de la scène pour un premier roman aux accents autobiographiques intitulé Les Rêveurs, et c’est en pleine lumière qu’elle décide d’exposer  » La partie émergée de l’iceberg « . On comprend à la lire ce qui nourrit son jeu dramatique et d’où vient cette intime conjugaison entre la fragilité et la détermination qui l’animent.
Isabelle Carré ne démérite pas en évoquant ses souvenirs d’enfant, d’adolescente et de jeune adulte. On retrouve avec une certaine nostalgie l’atmosphère libertaire des années 70 et elle aborde avec gravité mais sans emphase des sujets tabous dans la plupart des familles : le coming-out du père, la dépression de la mère et ses propres fragilités d’enfant perdue dans un monde d’adultes indéchiffrable. La narratrice grandit, analyse, comprend, pardonne, admire aussi… elle se construit au gré des événements familiaux et nous fait partager des rêves plus ou moins imaginés, plus ou moins vécus. C’est une femme forte et riche de toutes ses expériences qui émerge du récit une fois le livre fermé, une femme qu’il nous semble alors avoir rencontrée en chair et en os, là, dans l’intimité de notre salon, presque une amie. 
 
 » On prend vite l’habitude de ne compter que sur soi-même. C’est littéralement devenu sa méthode pour s’endormir, elle compte sur ses doigts :  » le pouce c’est ton père, le majeur ta mère, et sur les autres ton frère et tes sœurs.  » Aussi longtemps que nécessaire, comme des petites marionnettes, elle les fait vivre dans ses mains.  » 
 
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Frédérique Vanandrewelt - Gradisnik

Professeure de français et passionnée par la littérature, Frédérique dévore les livres, et nous en parle… il y’en a toujours pour tous les goûts, tous les styles, et tous les niveaux.

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