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Lectures : quelques feuilles d’automne !

Alors que l’automne s’installe en Europe, le temps est venu à Dubai de sortir chapeaux de paille et crème solaire pour profiter enfin de la plage, des terrasses et des jardins. Mais le plaisir ne serait pas total sans un bon livre et comme de coutume, j’en ai choisi quelques-uns dans les sorties de la rentrée littéraire 2019.
1. Une Bête au Paradis, de Cécile Coulon
« Elle l’avait laissé dehors pour qu’il se vide de ses larmes, de sa colère, de ses coups, oubliant que larmes, colères et coups sont des fleurs qui poussent à toute saison, même dans les yeux secs, même dans des corps aimés, même dans des corps réparés. »
Le premier est un véritable coup de cœur paru dans une maison d’édition dont j’apprécie particulièrement les choix toujours merveilleusement surprenants. Il s’agit cette fois d’un texte pur et violent qui prend aux tripes. L’histoire de passions trompées et inassouvies, d’êtres meurtris par la vie, qui accèdent à de petits moments de paradis pour mieux retomber en enfer.
La jeune Cécile Coulon poursuit son exploration des profondeurs de l’âme humaine et débusque la bête qui s’y tapit.
Blanche vit avec son frère au Paradis où les ont élevés leur grand-mère Emilienne. Le Paradis, c’est une ferme, une terre isolée à laquelle est fiévreusement attachée Blanche qui, petit à petit, succède à son aïeule. Mais le premier amour délicieux et dévastateur, bombe à retardement, va bouleverser pour toujours le monde de Blanche. Trahie, humiliée, elle ne cultivera plus sur ses terres que les fruits de sa vengeance.
2. Nous étions nés pour être heureux, de Lionel Duroy

« Pendant toutes ces années, je n’ai pas cessé un seul jour de penser à vous, de vous aimer. On ne se voyait plus, mais vous étiez là entre mes lignes, dans toutes mes pages, si présents qu’il m’arrivait de pleurer sans cesser d’écrire (…) »

Pour celles et ceux qui aspirent à un récit plus apaisé, j’ai choisi ce roman de résilience et de réconciliation.
L’auteur puise depuis de nombreuses années la matière de sa réflexion dans le terreau familial au grand damne de ses frères et sœurs avec lesquels il s’est brouillé au fil des parutions de ses romans. Il a ainsi privé les uns et les autres, frères et sœurs, mais aussi beaux-frères, belles-sœurs, enfants et cousins, des relations familiales auxquelles ils auraient pu prétendre.
Paul décide donc un jour de les réunir tous le temps d’un déjeuner : de ses neuf frères et sœurs, de leurs enfants, de ses propres enfants, et même de ses deux ex-épouses, qui répondrait à l’invitation, qui viendrait à l’affrontement, qui dépasserait les colères, les rancœurs pour renouer les liens originels ? Nous assistons à cette réunion de famille singulière qui permet à l’auteur de faire le bilan d’une vie d’écriture et de retrouver au milieu des siens une forme de sérénité.
Impossible bien sûr de ne pas s’identifier à l’un ou à l’autre de ses protagonistes qui parlent un langage universel. Quelle que soit notre propre histoire familiale, celle de Lionel Duroy éveillera forcément en nous toutes sortes de sentiments.
C’est toutefois une grande douceur qui finalement prédominera.
3. Transparence, de Marc Dugain

« La grande parenthèse de l’écrit avait duré à peu près 6 000 ans avant de se refermer sur le pragmatisme de l’insouciance et de la vacuité. L’écrit existait toujours, mais il n’était plus qu’une traduction instantanée de la parole ou même, dans certains cas de la pensée. »

Le livre suivant est un très bon roman d’anticipation dont certains passages, en relation directe avec notre actualité, sont particulièrement inspirés. Marc Dugain poursuit sa réflexion sur un sujet qui lui tient à cœur: le transhumanisme. À mi-chemin entre la fiction et l’essai, son récit nous emmène en Islande en 2060, aux côtés de la présidente française d’une start-up sur le point de racheter Google et de prendre le pouvoir numérique, Transparence.
Elle est à l’origine d’un programme révolutionnaire qui consiste à transplanter l’âme humaine dans une enveloppe artificielle. Convaincue de parvenir ainsi à l’immortalité, l’héroïne pose toutes les questions soulevées par cette formidable avancée scientifique. Les enjeux sociétaux, politiques, économiques, mais aussi amoureux d’un tel bouleversement apparaissent alors dans toute leur complexité.
Or, ce texte est aussi un roman à chute dont le dénouement ne sera révélé que dans l’épilogue et Marc Dugain use de tout son art pour prendre le lecteur dans ses filets. On en ressort médusé et séduit par sa virtuosité.
4. PONTI, de Sharlene Teo

 « Cette ville est remplie à ras bord. Pas le moindre espace de silence ou de vide ici, à moins d’estimer qu’un parking d’immeubles de bureaux le dimanche, ça compte. Je me dévisse le cou de gauche à droite et embrasse l’éclat cristallin du vaisseau de Marina Bay – des gratte-ciels de verre bleu et argent miroitant, la courbe d’une autoroute, des grues soulevant des containers. Et tout ceci, ce sont des terres gagnées sur la mer. Des fonds marins il y a trente ans encore et aujourd’hui, une skyline déchiquetée camouflant un gouffre géant. »

C’est la couverture qui, comme souvent, m’a attirée… et puis le décor de l’histoire aussi : Singapour. Je me suis ensuite attachée au personnage, Szu, une adolescente au physique ingrat, complexée, complètement soumise à une mère tyrannique. Il faut dire que sa mère était un monstre sacré autrefois, une star des films d’horreur, presque une divinité pour ses fans qui l’ont convaincue de sa supériorité. Pas de répit non plus à l’école pour la jeune-fille qui parle trop, dérange ses professeurs et ses camarades, jusqu’au jour où elle va rencontrer Circé, une nouvelle élève qui bouleversera sa vie.
Trois femmes, trois époques… Szu adolescente, Circé vingt ans plus tard en plein divorce et Amisa, la mère dans les années 70. Les récits se croisent et s’éclairent, on comprend au fil du texte pourquoi les deux amies fusionnelles n’ont pas gardé de contact, pourquoi Amisa s’est comportée si durement avec sa fille. On souffre et on rit avec elles dans une métropole asiatique que l’auteur décrit avec brio.
Ce premier roman est un roman d’apprentissage qui explore avec finesse les relations humaines dans une ville en pleine mutation, une jolie découverte !
Bonne lecture !
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Frédérique Vanandrewelt - Gradisnik

Professeure de français et passionnée par la littérature, Frédérique dévore les livres, et nous en parle… il y’en a toujours pour tous les goûts, tous les styles, et tous les niveaux.

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