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Jameela Al Muhairi, rencontre avec la chef du bureau des inspections des écoles de Dubaï. (KHDA)

 Jameela Al Muhairi, rencontre avec la chef du bureau des inspections des écoles de Dubaï. (KHDA)

Interview de Jameela Al Muhairi, « Au début, faire comprendre qu’une femme était une valeur ajoutée a été un vrai défi ». Jameela Al Muhairi raconte son parcours au département de l’éducation et les combats qu’il reste à mener. Sa passion l’a poussée à devenir la chef du bureau des inspections des écoles de Dubaï et une pionnière dans le domaine des écoles privées dans une ville compte 85% d’expatriés.

Les femmes au sommet s’aident-elles entre elles ?

Il y a peu, j’ai participé à une réunion de femmes leaders et j’ai été impressionnée par l’utilité de ce genre de rencontres. Comment nous pouvons influencer et encourager les jeunes filles à s’inspirer de nos parcours et devenir de futurs chefs. Nous nous entraidons, nous discutons de nos rôles de modèles, quels obstacles les filles rencontrent encore. Nous comparons nos différentes approches.

Quels obstacles les filles rencontrent-elles encore ?

Lors d’une conférence organisée récemment par Dubai Women Establishment, à laquelle Sheikh Mohammed participait, des femmes de différents pays du Golfe échangeaient sur les défis et problèmes qu’elles rencontrent. Nous avons alors réalisé la chance que nous avons dans ce gouvernement. Ce n’est pas du blabla, je le dis du fond du cœur : notre gouvernement nous nomme comme ministres, députées, PDG, égales aux hommes. Nous pouvons présenter nos idées et les défendre vis à vis de la direction.

Comment en avez-vous fait l’expérience ?

Lorsque je fais des propositions devant le Conseil exécutif dans différents domaines de l’éducation, je me sens un membre à part entière. D’être assise là avec d’autres femmes me procure un sentiment de grande fierté. Qu’en est-il de mes collègues des autres pays du Golfe ? Les leaders de ce pays poussent les femmes à atteindre de hautes positions. Par exemple, je suis membre du Board de Dubai Cares avec la Ministre Reem Al Hashimi. Nous avons de la chance de représenter notre pays devant des délégations du monde entier. Nous sommes toutes de jeunes femmes qui voyageons à l’étranger, représentant les Emirats Arabes Unis.

Comment avez-vous atteint un tel poste à responsabilités ?

J’ai la chance d’avoir une famille qui me soutient et m’a permis d’avoir accès à une bonne éducation malgré le fait d’être une fille et de travailler dans un environnement mixte. Je n’ai pas eu à me battre pour ça. Ma sœur était déjà partie étudier aux US et au  Liban dans les années 60-70.

Ce n’était pas banal à l’époque ?

Non pas avant les années 90.

Avez-vous étudié à l’étranger ?

Non, j’ai fait mes études à l’université d’Al Ain. J’avais le choix de partir mais j’ai voulu rester car cela m’a donné de nombreuses opportunités. Très jeune je me suis demandée ce que je ferai de ma vie. De nos jours, il n’y a pas de conseil d’orientation. Les étudiants ne savent pas ce qu’ils feront de leur avenir. Pourtant vers 13-15 ans, il faut commencer à se poser la question.

Vous avez toujours su ce que vous vouliez faire ?

J’ai toujours été passionnée par l’éducation. Je suis entrée au ministère de l’Education comme employée et comme j’avais un bon niveau d’anglais, je me suis concentrée sur les écoles privées. C’était ma passion. C’était un tout petit secteur à l’époque.

Combien le pays comptait-il d’écoles privées dans les années 80 ?

200 environ. J’ai étudié les règles, la qualité de l’enseignement, la possibilité d’ouvrir de nouvelles écoles privées. J’ai consacré toute ma carrière au ministère de l’Education et en particulier aux écoles privées. Un étage entier était consacré à l’enseignement public mais cela ne m’intéressait pas. J’étais attirée par ce petit département qu’on appelait « Ecoles privées ».

Pourquoi ?

Le potentiel, l’opportunité d’interagir avec d’autres nationalités, d’apprendre d’elles. J’ai pensé que j’améliorerais mon éducation, mon expérience à leur contact. J’ai pensé y rester quelques années avant d’aller vers le public. Mais chaque jour, le département grandissait. Incroyable. Les gens sont venus du monde entier.

Les écoles ont dû s’adapter ? Il a fallu offrir plus à ces nouveaux arrivants ?

Oui et aux nouveaux investisseurs potentiels dans le secteur. Ils voulaient faire de l’argent.

C’est vraiment un business ?

Oui, ça l’est toujours.

Combien d’écoles privées y a–t-il aujourd’hui ?

Dubaï en compte environ 150. Cela a plus que doublé en 20 ans. Chaque communauté a ouvert son ou ses écoles avec le soutien du gouvernement. Sheikh Rashid Al Makhtoum, le père de Sheikh Mohammed, voulait aider chacune d’elle : leur fournir un terrain et le soutien du Board en vue de l’ouverture d’une école adaptée aux besoins de leur communauté. Cela s’est développé si vite. Entre 2006 et 2007 seulement, dix écoles ont ouvert à Dubaï.

Vous venez d’une famille consacrée à l’éducation ?

Mon frère (ndlr : Khaled Al Muhairi fondateur et PDG d’Evolvence Capital, membre du Board des Gouverneurs de Repton, l’une des écoles anglaises les mieux cotées de Dubaï) est un homme d’affaire mais il a cette passion. Nous discutons beaucoup d’éducation, des écoles privées. Nous devons améliorer les écoles publiques à Dubaï afin de servir notre communauté et de donner aux nôtres une bonne éducation. A-t-il fait du bon boulot avec Repton ? Je ne peux répondre car ce serait un conflit d’intérêt. Mais je peux dire que c’est un secteur en développement.

Comment est née KHDA, l’Autorité de la Connaissance et du Développement humain  pour laquelle vous travaillez ?

Je voulais travailler dans l’éducation mais quelle sorte d’éducation ? Je voulais contribuer mieux. En 2000, Sheikh Mohammed nous a donné cette opportunité lorsqu’il a développé le concept des zones franches pour différents secteurs. « Knowledge Village » nous a donné cette opportunité de développer des écoles privées de bonne qualité sur Dubaï. Il nous a donné un immense terrain et nous a demandé de ramener de bons investisseurs pour bâtir les écoles. En 2006, nous avons mis sur pied le Projet Ecole Privées de Dubaï: nous avons visité des écoles du monde entier en Suisse, Grande Bretagne etc., leur proposant de venir et mettre en place le niveau d’éducation dont nous avions besoin ici. Nous n’avons pas insisté pour avoir des branches, juste des écoles de bonne qualité. Il n’y avait pas assez d’écoles qui offraient le Bac international. Puis, Sheikh Mohammed bin Rashid m’a nommée membre du Conseil de l’Education de Dubaï. Nous avons ensuite réalisé qu’il fallait plus qu’un Conseil pour donner notre avis aux écoles privées au gouvernement. Alors Sheikh Mohammed a créé le KHDA par décret en 2007.

Vous êtes à la tête du Bureau des Inspections du KHDA ?

Nous avions un accord avec le ministère de l’Education selon lequel nous surveillerions toutes les écoles et dans tous les domaines des enseignants, du cours, des frais de scolarité, tout… La première chose que nous avons faite a été de mettre au point une stratégie pour le public et le privé. Notre mandat couvrait le primaire et le secondaire. 10 000 personnes à Dubaï ont participé à cette stratégie, pas seulement des consultants venus de l’étranger. Nous avons suffisamment d’expérience ici pour savoir ce qu’il nous faut et quelles sont nos priorités. Je me suis une fois encore concentrée sur le secteur privé, là où j’avais une valeur ajoutée. La priorité était de réglementer et de m’assurer que les écoles dispensaient une éducation de qualité. J’ai présenté les résultats à Sheikh Hamdan afin de monter le Bureau : de cette façon j’avais le mandat pour aller poser des questions dans les écoles. J’ai ensuite été nommée Chef du Département des Inspections et obtenu la reconnaissance du gouvernement.

Vous êtes une pionnière dans ce domaine ?

Ce fut un long parcours. Pour moi, un voyage. C’est quelque chose qui n’avait jamais encore été fait dans mon pays. Un tel processus n’existait pas aux EAU. Personne ne vérifiait ce qui se passait dans les écoles, comment les enfants se développaient, leurs compétences, en quoi les écoles contribuaient à la société de Dubaï. Nous avons développé un cadre. La différence ici est que nous avons une société multiculturelle unique en son genre. C’est un défi. Nous avons développé sept indicateurs qui s’appliquent ainsi à tous les curriculums et aux écoles publiques. Nous avons décidé d’un barème : excellent, bon, acceptable, pas acceptable.

Quels sont vos critères ? Cette année par exemple, vous avez mis en priorité « Elèves émiriens et qui demandent une attention particulière »…

Lorsque nous avons démarré, il nous fallait une base. Aucune école n’était prête à cela : être inspectée de A à Z. Cela n’avait jamais été fait. Il nous fallait donc des indicateurs de qualité dans tous les domaines, c’était primordial. Et nous n’allions pas tout inventer. Nous avons utilisé les mêmes que ceux utilisés par le ministère de l’Education dans les écoles publiques. Des indicateurs pour les matières –maths, arabes pour les Arabes et non Arabes, études islamiques pour les Musulmans et non Musulmans, le développement de l’enfant (attitude, comportement, développement au sein de la communauté), curriculum, leadership de l’école, installations, ressources, partenariat avec les parents… Et nous avons noté tout cela. Il y a des mécanismes pour le faire et nous avons fait appel à des gens du monde entier pour nous aider à l’inspection des écoles et à les former.

Comment les écoles ont-elles accueilli les premières inspections ?

Il y a cinq ans, elles ne savaient pas ce qu’on attendait d’elles. La première année ce fut le choc dans le système. Il y a eu des résistances. Il y a eu des réactions du type : « Qu’est ce que c’est que ces indicateurs ? Je fais mon travail. Que regardez-vous ? Tout ça c’est de la paperasse… » Mais finalement notre mandat est d’être transparent, d’informer les parents sur la qualité de l’enseignement donné à leurs enfants. Les informer sur ce qui se passe dans les écoles, dans les classes. Certaines écoles étaient furieuses d’être notée « acceptable », nous disant que certains de leurs élèves faisaient Harvard ! Peut-être oui, mais les 2000 autres ? Telles furent les questions qu’il nous a fallu régler la première année.

Et quelle fut la réaction au fait que l’Arabe a été mis sur un pied d’égalité avec la langue de l’école ?

L’accent mis sur l’Arabe a été remis en question. « Pourquoi nos enfants devraient-ils parler l’Arabe ? » ont demandé certains. C’est ce que le gouvernement de ce pays souhaite : que vos enfants soient exposés à la culture et à la langue du pays dans lequel ils vivent. Qu’ils sachent pourquoi les femmes s’habillent en noir. Nous ne sommes pas des étrangers. Nous voulons que les enfants comprennent pourquoi nous instaurons cela : les écoles doivent encourager les enfants à se familiariser avec les cultures respectives. Si vous voulez être un bon citoyen, il faut connaître l’autre et respecter l’autre. C’est la raison pour laquelle nous mettons l’accent sur l’indicateur 2 : le développement de l’élève, l’attitude et le comportement, les valeurs de l’Islam. Si je suis Musulman, que fais-tu pour moi ? Comment respectes-tu ma religion ? Que sais-tu de ma culture ? Qu’est ce que je connais de la tienne ? Il y a 92 nationalités différentes ici. Comment l’école gère-t-elle cette donnée ? Je suis Anglais, je connais la culture britannique. Je suis Musulman, local et je connais ton pays mieux que le mien parce que je fréquente une école anglaise… J’ai voulu mettre un terme à ce phénomène.

Avez-vous des enfants ?

Pas encore mais un jour si Dieu le veut !

Vous les mettriez dans le secteur privé ?

Bien sûr car je connais les qualités de ce système.

Quels progrès doivent être faits dans le public ?

Il est très difficile de répondre dans ma position. J’ai enquêté pendant trois ans sur le public, visité chacune des écoles du système public de Dubaï, écrit des rapports individuels et annuels. Tout est sur notre site. Lorsque je regarde le privé, je vois que 58% des locaux y mettent leurs enfants et que ce chiffre augmente de 5% chaque année.

Pourtant les écoles privées sont très chères ?

Les locaux ont le choix d’aller dans le public qui est gratuit mais ils choisissent en majorité de mettre leurs enfants dans le privé. C’est un grand point d’interrogation. Pourquoi les locaux choisissent-ils le privé ?

N’ont-ils pas peur de perdre l’Arabe et leur culture ?

Si. Notre inspection annuelle montre que nos enfants ne sont pas performants en arabe. Ils ont des difficultés. C’est un souci à Dubaï et dans tous les Emirats. Sheikh Mohammed a lancé quatre  initiatives autour de l’arabe. Chaque parent veut que sont enfant s’améliore en arabe. Nous avons un problème avec le niveau d’Arabe dans le secteur privé. C’est la raison pour laquelle nous avons mis l’accent sur le fait que l’arabe soit mis sur un pied d’égalité avec l’anglais, les maths ou les sciences. C’est un processus.

Mais pour les expatriés qui ne savent pas combien de temps ils restent à Dubaï, leur imposer autant d’arabe n’est-ce pas un problème ?

Dans les écoles privées, nous avons imposé l’arabe comme première langue pour les locaux. Ils se basent sur les livres et les standards du ministère de l’Education. Les études islamiques sont une obligation du gouvernement fédéral. Pour les expatriés nous l’enseignons comme langue étrangère. C’est plus facile. Nous attendons des écoles qu’elles soient créatives dans la façon dont elles l’enseignent. On n’y est pas encore. Mais certaines écoles le font vraiment bien. Dans certaines écoles anglaises, lorsque je croise des enfants blonds aux yeux bleus qui me disent en me voyant dans mon abaya « Salamalekoum, mon nom est … » et qui essayent d’interagir, je trouve cela magnifique. Mon souci pourtant ce n’est pas l’arabe langue étrangère mais l’arabe première langue. Le gros défi de notre société est de maintenir un bon niveau d’arabe. Que perd-on lorsqu’on perd sa langue natale ? C’est le souci essentiel de notre canevas.

Comment convaincre les familles locales de mettre leurs enfants dans le public ?

Si les gens croyaient au public, ils y mettraient leurs enfants. Pourquoi gaspiller leur argent dans les écoles privées ?

Quelle a été votre expérience comme femme de pouvoir et d’imposer vos vues dans un milieu très masculin ?

Dans les années 80, il était difficile pour une femme d’occuper une position comme la mienne, de directeur. Les hommes étaient en position dominante partout. Lorsque vous éduquez vos enfants, vous leur apprenez que la femme est l’égale de l’homme, si vous les éduquez correctement. Dans l’éducation –je ne devrais pas le dire- mais les femmes sont plus performantes que les hommes. Tout a commencé lorsque le gouvernement des EAU a donné aux filles l’accès à l’éducation. C’est comme cela que j’ai été éduquée. J’ai rejoint l’université dans les années 80, puis le ministère de l’Education qui comptait 99% d’hommes Emiriens et expatriés. C’était un défi que de trouver ma place. Cela a été difficile de me faire entendre et de leur faire comprendre que j’apportais quelque chose. Cela a été un cheminement. Parce que j’étais passionnée, parce que j’étais une femme, locale, que les membres hauts placés du ministère voyaient en moi le potentiel, j’ai eu de la chance.

Qu’est ce qui fait la différence ?

L’éducation et l’opinion du gouvernement.

Les Emiriennes ont-elles plus de chance que les femmes dans les autres pays du Golfe ?

Nous avons la chance d’avoir de tels dirigeants. Dans tous les secteurs, il y a des femmes. Lors d’un sommet gouvernemental, Sheikh Mohammed a dit devant 3000 personnes venus de tous les émirats –PDG, Directeurs, etc.- que les hommes devaient être vigilants et travailler dur sinon les femmes prendraient leur place. Quand votre propre chef dit cela… Nous avons quatre femmes ministres, nous en sommes fières. Tout est possible pour les femmes dans ce pays. Je ne sais pas ce qu’il en est des autres pays du Golfe, mais ici aux EAU, nous avons de la chance.

Qu’étudiaient les femmes il y a 60 ans ?

Prenons l’exemple de ma mère : elle a eu de la chance d’avoir une mère qui a insisté pour qu’elle étudie le Coran. C’est ainsi qu’elle a appris à lire et écrire. Mais bien sûr elle n’a pas étudié les maths ou les sciences. Dans les années 60, le Koweït envoyait ici des maîtres et des livres aux écoles locales. C’est là que tout a commencé.

Quel est le budget alloué à l’éducation aux EAU ?

L’éducation et les affaires sociales sont la priorité et parmi les budgets les plus élevés. Le budget de l’éducation se monte à près de 9 milliards de dhs dont 10% pour Dubaï (secteur public). Le public compte 24 000 élèves et le privé 28 000 à Dubaï.

Pour plus d’infos sur vos rapports d’inspection par école :

www.khda.gov.ae

Grandes étapes de l’éducation aux Emirats

1954 : ouverture d’Al-Zahra, la première école pour filles, à Sharjah
1958 : ouverture des deux premières écoles pour filles à Dubaï : Khawla bint Al Azwar à Bur Dubai et Al Khansa à Deira
1996 : ouverture de la première école pour filles d’Abu Dhabi.

Elèves pionnières:
Maryam Al Khaja
Rafia Abdullah Lootah
Amna Obaid Ghubash
Amal Al-Bassam
Maryam Saleh Al-Osaimi

Avant les années 50:
L’éducation des filles était basée sur le Coran, les principes de l’Islam et l’arabe.
1953 :
Débuts du système éducatif officiel financé par le gouvernement du Koweït
1955 :
L’Egypte offre des bourses pour des études au Caire.
1971 :
Débuts des études universitaires aux EAU (1971)
-1976 : Université des UAE, Al Ain (Emirat d’Abu Dhabi)
-1988 : Haut Collège de Technologie
-1998 : Université Zayed, Abu Dhabi
2010 :
15% de l’Université des UAE sont des femmes
51% de filles en collèges privés
46% étudiantes post grade
72% d’étudiantes en universités publiques, soit le taux le plus haut au monde!

Source : Musée de la femme, Dubaï

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Kyra Dubai

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