Première boite ? 
J’ai débuté l’entrepreneuriat en Asie, il y a une dizaine d’années, avec mon mari, nous dirigions un bureau de développement style et production pour des enseignes de prêt à porter françaises.
En 2018, après avoir développé des collections pour des marques pendant 15 ans, nous nous sentions prêts à relever un nouveau challenge et créer de A à Z un nouveau concept, un nouvel ADN, écrire notre histoire en lançant notre label PALEM.
Avec du recul, c’était quelque peu imprudent étant donné le contexte difficile et très concurrentiel du marché de la mode mais il faut toujours un grain de folie pour se lancer ! 

Depuis combien de temps à Dubai ? 
Nous avons quitté Singapour pour venir nous installer à Dubai en août 2021. C’est tout nouveau. Après 18 ans en Asie, je suis ravie de découvrir en famille cet endroit du monde, une nouvelle culture et une région magnifique.

Présentez-nous votre business en quelques lignes… 
Nous sommes des Voyageurs insatiables, chineurs de la première heure et amoureux des vêtements. PALEM est née de cette envie de mélanger la mode au voyage, en imaginant le dressing idéal de la voyageuse.
Tout est parti de là. 

PALEM est une marque de prêt-à-porter pour femme qui s’inspire de l’univers du voyage et Bali fut notre première inspiration. Les couleurs, les motifs, les broderies, les matières naturelles sur la peau, les formes comme le sarong, le soleil et les palmiers… tout cela a été mon premier mood board et a inspiré la première collection de PALEM.   

Je crée des collections estivales tout au long de l’année. Nous avons deux lignes : « effortless chic » plus casual et « resort » plus sophistiquée et tendance. La collection est exclusivement conçue avec des matières en fibres naturelles dont une grande partie est écoresponsable. 

Nous sommes neuf aujourd’hui répartis entre Paris, Dubai et Singapour. Nous avons notre e-shop (palem-brand.com) et deux boutiques en propre à Singapour. Une boutique sur Bali en attente d’une ouverture prochaine et nous sommes sur le point d’inaugurer notre première boutique/showroom à Dubai dans le quartier de Al Quoz 

Est-ce que vous avez toujours rêvé d’être entrepreneur ? 
Honnêtement non. Je rêvais surtout de faire un métier qui me passionne et me permette de voyager. L’entrepreneuriat est venu naturellement dans ma carrière, cela n’a pas été une rupture mais une suite logique.
J’ai toujours été très proactive depuis le début de ma vie professionnelle en Chine.

Je gérais un bureau de production, des fournisseurs, des clients. J’ai mis en place un département de style et c’est là que j’ai développé mes compétences sur le design, le modélisme, les matières.
Comme nous étions une petite équipe au départ, par la force des choses j’ai dû me responsabiliser sur pas mal de sujets : création, gestion, recrutement, business, etc.

L’entrepreneuriat, c’est la capacité d’être multi-casquettes et la faculté de bien savoir s’entourer. 

Qu’est-ce qui a provoqué le déclic pour sauter le pas ? 
J’ai cette chance de vivre cette expérience de l’entrepreneuriat en couple : c’est toujours plus facile de se lancer à deux, plus rassurant mais aussi plus risqué ! 

On saute le pas quand on ressent ce besoin d’indépendance, l’excitation de pouvoir construire pas à pas un projet et de mettre en pratique les années d’expérience. S’inspirer aussi du succès des autres.
Après on n’est jamais suffisamment prêt ! Il faut accepter l’inconnu, les échecs, les doutes. Bien s’entourer rassure et permet de garder son cap !

Pourquoi avoir choisi Dubai pour entreprendre (ou pour exporter votre concept) ? 
Après 18 ans, nous souhaitions quitter l’Asie, la pandémie a été pour nous un déclic. Le choix d’une destination à mi-chemin vers l’Europe était idéale. 

Dubai correspond à 100 % à notre concept d’endless summer du soleil toute l’année (ou presque). Un rayonnement régional considérable et une place mondiale grandissante…

Nous ressentons beaucoup d’effervescence et un intérêt toujours plus fort pour la mode et le lifestyle. 

Quels sont les challenges/difficultés/facilités pour entreprendre à Dubai ?
Je commencerai par les facilités car cela a été assez simple et rapide de créer notre société ici. Dubai est un aimant à entrepreneur et les démarches administratives d’obtention de visa entre autres sont largement plus simples qu’ailleurs. 

Facilité également au niveau du réseau : j’ai trouvé la communauté expat (entrepreneurs et autres) extrêmement active, ouverte aux nouveaux arrivants, très spontanée pour partager les bonnes infos, les bons contacts, etc.
C’est un gain de temps extraordinaire lorsque l’on s’implante sur un nouveau marché. 

Les challenges sont plus liés à la méconnaissance des clientes, des habitudes de consommation, à la mixité culturelle. Il n’y a pas de cliente-type. Mais en même temps ce Dubai cosmopolite est un avantage énorme pour nous. Nous allons pouvoir aborder plusieurs clientes, à nous de trouver les bonnes façons de le faire. 

Le deuxième challenge était concentré sur la distribution car tout est très centré sur les malls et il y a encore moins de zones piétonnes que dans d’autres grandes villes. Par contre, le développement de ces zones industrielles est un formidable compromis : entre boutique/showroom, entrepôt et notre studio, nous allons pouvoir tout combiner dans un espace unique.  

Quelle est votre source de motivation chaque jour ?
La satisfaction de voir nos produits portés, d’entendre les clientes en magasin, le travail au quotidien avec des équipes qui se donnent à 300 % aux quatre coins du monde. 

Avec le recul, que referiez-vous différemment ? 
Je ne changerais rien. On a écrit l’histoire et pris nos décisions comme on l’a senti au fur et à mesure et avec le contexte qui allait avec. Je n’aime pas trop réécrire les histoires car avec des « si » … 

Avez-vous bénéficié d’aides pour vous lancer ? 
Nous n’avons pas eu d’aide particulière au lancement de la marque mais j’ai bénéficié du support de notre réseau de fournisseurs qui a accepté de jouer le jeu et de participer à l’aventure. Grace à eux, j’ai pu lancer plus de 60 modèles sur la première collection en gardant des prix d’achat raisonnables vu les petites quantités que j’avais.
Sans eux et sans le support de notre bureau interne, les choses auraient été beaucoup plus difficiles et nous n’aurions pas pu proposer une telle diversité dès la première collection. 

Si vous aviez deux conseils à donner au futur entrepreneur qui vous lit ?
Entourez-vous des bonnes personnes. Aujourd’hui, il faut performer à tous les niveaux du projet et même si on se donne à 200 %, on ne peut pas l’être sur tous les sujets. 

Gardez toujours en tête votre objectif, votre ADN, vos origines. Soyez patient. On est sans arrêt challengé par la réussite des autres, c’est stimulant mais parfois aussi perturbant car on a souvent tendance à tout remettre en question. Il faut savoir revenir à son projet, a son idée et essayer de tracer son histoire. 

Et deux bonnes adresses ?
Bientôt le Goshi village à AL QUOZ où notre showroom PALEM ouvrira prochainement ses portes. 
J’adore Kite beach et ses petits restos de plage. Mais aussi Twiggy by La Cantine !
Le Matcha club, un oasis pour les sportifs et flâneurs créé par des entrepreneurs français dynamiques et audacieux.

Comment conciliez-vous vie de parents (si vous l’êtes) et d’entrepreneur ?
Quand nos enfants étaient plus petits (nous étions en Chine) nous avons eu la chance d’avoir une ayi (nounou) extraordinaire qui nous a permis de travailler sans compter lorsqu’il le fallait.
Maintenant qu’ils sont plus grands, c’est plus facile logistiquement mais ça ne change rien au fait de se libérer du temps pour nos enfants, ce que nous avons toujours fait.
Aujourd’hui, on peut plus facilement concilier les deux car on est beaucoup plus flexibles dans notre manière de travailler, notamment avec le télétravail.
C’est aussi l’avantage d’être entrepreneur : c’est de pouvoir décider de ses vacances, de son temps libre. 

Des projets futurs ?
Un retour à la VILLA PALEM à BALI.

PETIT PORTRAIT INDISCRET
Plutôt matinal ou oiseau de nuit ? Matinal.
Plutôt café-croissant ou pti-dej healthy ? In between.
Plutôt sport extrême ou méditation ? Méditation.
Plutôt robe-sandales ou tailleur-talons ? Robe PALEM sandales.
Plutôt week-end cocooning ou fiesta ? In between.
Plutôt cigale ou fourmi ? fourmi définitivement ! Je suis une excellente cliente ! 

LE MOT DE LA FIN : 
Un grand merci pour cet entretien. Nous avons hâte de vous faire découvrir l’univers PALEM !