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Les réseaux sociaux & l’expatriation : on en parle !

« L’expérience de la solitude est bénéfique et structurante. Elle favorise la découverte de soi, permet de faire émerger ses envies, ses aspirations, permet la création artistique, ou tout simplement de se ressourcer et de se détendre. » selon Macqueron. Bien que nous adorions tous faire des généralités, je pense qu’il faut se rendre à l’évidence qu’il n’existe pas un seul rapport aux réseaux sociaux mais des rapports aux réseaux sociaux. 
 
L’appétence aux réseaux sociaux exacerbée en expatriation
 
En arrivant à Dubai, j’ai cependant trouvé l’appétence aux réseaux sociaux très prononcée. Selon les statistiques, 56% des gens utilisent les réseaux sociaux tous les jours de manière très active en y passant en moyenne 3h40 contre 1h20 par jour en France*. Je pense qu’il faut garder en tête que l’expatriation joue un rôle dans ce phénomène bien que la population locale soit aussi très largement consommatrice. Facebook est en tête, suivie par Twitter et Instagram et bien sûr les applications de messagerie instantanées comme WhatsApp.  Il y a de quoi s’interroger…
 
La société a produit un réseau technologique de connexions qui répond à une demande certaine. Le besoin de se connecter est profondément humain. Nous exposons, tous interconnectés par cette petite zone sous la toile, une forme très idéalisée de nous et de notre vie. Il est évident que personne ne va poster un selfie au moment de se brosser les dents le matin avec les cheveux en pétard ! 
 
Non ! C’est la version idéalisée de nous que nous voulons montrer, forme de faux-self où nous gommons les parties que nous ne voulons pas voir et que les autres ne veulent pas voir non plus ! Face à toutes les atrocités qui se passent dans le monde : ne cherchons-nous pas à contrer cet effet par la création collective d’un petit monde virtuel, de perfection ressemblant sans doute à s’y méprendre au « Meilleur des mondes » d’Aldous Huxley ?
 
Les réseaux sociaux, une entrave à notre solitude nécessaire pour créer et donner du sens
 
Mais cet effet n’entrave t’il pas notre capacité à rester seuls et donc à se livrer à des activités plus porteuses de sens ?
 
Il n’est plus possible de rentrer dans un café ou un restaurant sans voir des personnes fascinées par leur tablette, portable, ordinateur. Les smartphones ont définitivement éliminé les moments de transition, ceux où l’on se réjouit d’attendre l’ami que l’on n’a pas vu depuis longtemps ; où l’on se pose sur un banc pour regarder la foule en réfléchissant à sa vie, à ses rêves…
Nous n’attendons plus rien, n’y personne d’ailleurs, rivés sur notre portable, fascinés par la vie d’autrui et par la nôtre, celle que nous projetons bien sûr !

La fascination pour le virtuel a remplacé le livre, tout comme la téléréalité a remplacé les films ou débats télévisés : médias qui avaient pourtant la capacité de nous faire réfléchir ou de nous emmener vers de lointaines contrées, à la recherche du temps perdu… Non, nous préférons maintenant savoir comment se passent les vacances d’untel à Katmandou ou les photos de l’ouverture du dernier restaurant à la mode.
 
C’est l’instantanéité, la gratification immédiate. Nous sommes tous drogués à ce contact virtuel qui finalement nous donne l’illusion de ne plus jamais être seuls. 
 
Ce rapport au virtuel a profondément transformé les rapports humains, on ne se téléphone plus, on se WhatsApp, du coup même en étant hyper-connectés, on peut aussi se sentir parfois très seul. 
Il est également amusant de constater comment les réseaux sociaux ont aussi profondément transformé les rapports amoureux. On ne se rencontre plus vraiment, on se Meetic, on se Tinder, on se Facebook… La magie de la rencontre est alors remplacée, par l’image de l’autre et encore une fois sous sa version la plus idéalisée qui sera donnée à travers les premiers échanges écrits pour ne pas dire les premiers… chats !
 
La place de l’autre parfait et idéalisé pourra très vite s’effacer dès le mirage de la première rencontre… Et quand on se quitte, et bien ? On ne se quitte plus, on s’efface, de Facebook, de Tinder, de WhatsApp, on cherche à éradiquer l’autre de ses pensées, en l’éradiquant virtuellement. Alors mirage ou réalité ?
 
Que dit de nous notre capacité ou incapacité à être seul ?
 
La capacité à être seul est une notion psychologique définit par le psychanalyste britannique Donald W. Winnicott (1896-1971). C’est la capacité que le bébé acquiert progressivement en présence de la mère et signe le déclin de la phase symbiotique. Il peut à présent faire quelque chose, seul à ses côtés. Cela le prépare à l’autonomie car plus il grandira, moins sa mère sera en permanence disponible.
Il semblerait que la société actuelle nous bombarde sans arrêt d’informations, de publicités, du « toujours plus » qui lentement a détruit cette autonomie des temps anciens… 
Les réseaux sociaux semblent faire revivre l’illusion de cette mère, à jamais symbiotique, sans laquelle nous nous sentions perdus. 

Il faut cependant ajouter que tout le monde n’a pas ce même rapport au virtuel. Pour certains, cela semble d’ailleurs bien plus problématique que pour d’autres.
 
Et c’est là que nous pouvons évoquer la pathologie addictive et son cortège de symptômes, dont l’addiction au virtuel ne peut plus être ignorée. 
Je parle de ceux dont la relation à leurs parents a été compliquée, dont l’enfance n’a pas toujours été un refuge et qui ne souffrent pas par moment de solitude comme tout le monde, mais d’une intolérance à la solitude signant l’incapacité d’être seul.
 
Je parle de ces individus fascinés, comme hypnotisés par leur téléphone, tablette, ordinateur, voyant dans le virtuel la réponse absolue aux questions qui ne peuvent pas résoudre dans le réel. 
 
Comment limiter les risques ? Quelle attitude adopter ?
 
À ce moment là : chercher l’aide d’un psychologue est alors judicieux, car la relation thérapeutique permet de récréer un environnement favorable à un retour sur soi par l’écoute et la présence bienveillante du thérapeute.  
 
C’est dès l’enfance que nous devons être éduqués à cette capacité à être seul ! L’adulte, trop souvent préoccupé par ses propres angoisses, finit par mettre dans les mains de son enfant téléphones, tablettes, ordinateurs portables, car c’est la société qui ne supporte plus l’inactivité.
 
L’inactivité est elle forcément synonyme d’ennui ?
En cherchant en permanence à les occuper, ne détruisons nous pas cette capacité créatrice qui ne peut émerger que d’une forme d’ennui ? La pensée s’origine du négatif… Ce n’est que dans l’ennui que l’enfant peut chercher en lui une solution, laisser place à son imagination, développer sa créativité. 

Et plutôt que de les gaver d’images virtuelles qui sur-stimulent leurs cerveaux encore peu prêts à recevoir ce genre de stimulations, donnons-leur des petits personnages, animaux, avec lesquels ils pourront créer des histoires, remettant en scène ce qu’ils ont intégré, des expériences nouvelles qu’ils assimilent au quotidien. C’est en se sentant en bonne compagnie avec lui même que l’enfant pourra plus tard palier ses angoisses par ses propres ressources et non par une forme de fastfood technologique. Il faut sortir de cette pathologie de l’activité qui rend finalement le monde, les parents et les enfants hyperactifs ! Apprendre à s’ennuyer est l’émergence de toute forme de créativité.
 
En conclusion…
 
Cet article n’est destiné qu’à faire réfléchir sur peut-être certains de nos comportements. Je pense paradoxalement que les réseaux sociaux ont toute leur place dans notre vie actuelle et ils permettent aussi bien des choses. Je suis sûre qu’ils permettent aussi de s’informer, qu’ils ont provoqué de belles rencontres et qu’ils permettent, aux expatriés que nous sommes, de rester plus facilement en contact avec nos proches.
Je dirais que tout est dans le mesure, ils ne doivent pas se substituer à nos désirs et besoins fondamentaux comme l’attente, le désir, le plaisir de la solitude, de la déconnexion, d’être heureux avec soi et avec l’autre que nous pouvons aussi à loisir contempler dans toute son humanité.
 
Vanessa B. The French clinic

Vanessa Bokanowski, psychologue, 
excerce au sein de la clinique The French Clinic (Dubai Healthcare city)
Contact : 04 429 8450 ou 056 948 7372
 

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Vanessa Bokanowski

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