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La sélection lectures de l’été !

Je vous propose ce mois-ci d’emporter dans vos valises la magie du Moyen-Orient. Hanan El- Cheikh, Khaled Hosseini, Naguib Mahfouz et Elif Shafak pimenteront vos siestes sur la plage ou sous les arbres du jardin ; les parfums et les airs orientaux viendront se mêler aux rythmes des vagues et aux rires des enfants. Ces lectures vous transporteront de Beyrouth à Kaboul, du Caire à Istanbul. 
J’ai passé des heures passionnantes, enchantées mais aussi douloureuses en compagnie des personnages de tous ces romans dont je découvrais les auteurs. Ils ont en commun de nous montrer leurs pays respectifs de l’intérieur à travers leurs histoires, leurs traditions et de nous en montrer parfois les facettes les plus sombres mais aussi les lumières les plus resplendissantes. Je vous souhaite à vous aussi un bon séjour au « pays des histoires ».
 
TOUTE UNE HISTOIRE, Hanan El-Cheikh
« En écrivant, j’ai appris à aimer ma mère »
 
 
À propos de l’auteur…
Née en 1945 dans une famille chiite du Sud-Liban, Hanan El- Cheikh fait ses études au Caire avant de devenir journaliste pour le quotidien libanais An-Nahar puis le magazine Al-Hasna. Femme de caractère, elle n’hésite pas à braver les interdits imposés par une société conservatrice. C’est ainsi qu’elle épouse à 23 ans un chrétien grec-orthodoxe sans le consentement de sa famille  et quitte le Liban pour Londres après avoir voyagé dans plusieurs pays du Golfe.
Elle aborde dans ses romans de nombreux sujets tabous dans la culture arabe et puise dans sa propre expérience pour évoquer les difficultés de vivre entre deux cultures. Si c’est L’Histoire de Zarha, (roman publié à titre d’auteur) qui l’a rendue célèbre en 1980, c’est avec Toute une histoire qu’elle a obtenu le Prix du roman arabe en 2010.
En 2001, la célèbre auteur libanaise compose cette ode à sa mère qui lui demandait depuis de nombreuses années d’écrire l’histoire de sa vie. Elle avait jusque là obstinément refusé de répondre à l’injonction de celle qu’elle considérait davantage comme « une amie fantasque et désordonnée » que comme une mère :  » Je n’avais pas envie de revenir sur le passé. Et puis, surtout, je craignais qu’elle ne cherche à m’apitoyer et ainsi qu’elle ne tente de se rendre innocente à mes yeux. » 
 
L’histoire
Hanan El-Cheikh consigne dans cette biographie, l’histoire d’une petite fille analphabète victime des traditions qui la conduisent dans le lit de son beau-frère veuf alors qu’elle n’a que 14 ans et lui a été promise trois ans plus tôt. Inconsciente du sort qui lui a été réservé, Kamleh, placée en apprentissage chez une couturière, tombe amoureuse de Mohamed. Le jeune couple, friand des films égyptiens vus en cachette et bercé par les airs romantiques à la mode fait des serments  qui seront vite contrariés par le funeste destin de la jeune fille.  Kamleh obtiendra le divorce et tentera de vivre son histoire d’amour dans le Liban des années 40 à aujourd’hui non sans renoncements et sans souffrances.
Hanan El-Cheikh se glisse dans la peau de cette petite fille joyeuse, audacieuse et vive, avide d’amour et de liberté et nous fait partager avec un réalisme frappant son intimité jusqu’à la fin d’une vie édifiante. Elle nous permet ainsi d’être les témoins privilégiés de l’histoire d’amour réécrite par une fille pour sa mère, miroir de leurs propres sentiments. 
 
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MILLE SOLEILS SPLENDIDES, Khaled Hosseini
« Nul ne pourrait compter les lunes qui luisent sur ses toits
Ni les mille soleils splendides qui se cachent derrière ses murs. »
 
 
À propos de l’auteur…
Khaled Hosseini est né en 1965 à Kaboul et a vécu en Iran, en France et aux Etats-Unis au gré des affectations de son père diplomate, avant d’y obtenir le droit d’asile. Docteur en médecine, il exerce en Californie et écrit en parallèle. Son premier roman Les Cerfs-volants de Kaboul a été salué par la critique en 2003 et Mille soleils splendides, paru en 2007 a confirmé le succès de l’auteur dans le monde entier. Ainsi résonne l’écho infini des montagnes a reçu le même accueil sept ans plus tard. Les trois romans ont pour toile de fond  les déchirures d’un pays détruit par cinquante ans de conflits, l’Afghanistan, auquel Khaled Hosseini fait une déclaration d’amour toujours renouvelée. Il travaille pour l’UNHCR (agence des nations unies pour les réfugiés).
 
L’histoire
C’est cinquante ans de l’histoire de son pays d’origine que raconte avec talent Khaled Hosseini à travers le destin de Mariam et Laila, deux femmes mariées de force à Rachid à vingt ans d’intervalle, engluées dans les traditions et malmenées par une société chaotique dans un pays dévasté.                     
La première est une harami, elle vit avec Nana, sa mère, et reçoit avec bonheur les visites de son père dont elle comprend rapidement qu’il ne souhaite pas lui faire partager la vie de sa famille officielle. Ainsi, après la mort de Nana, il ne s’opposera pas au mariage arrangé par ses femmes et laissera partir Mariam avec un homme de trente ans son ainé. Incapable de lui donner un enfant, elle subira de plus en plus de violences et d’humiliations. 
La seconde, Laila partage son temps entre l’école et son ami Tariq. Le temps passe et leur amitié évolue sur fond de guerre civile. Orpheline suite à un raid qui détruit sa maison  et convaincue de la mort de son ami, Laila se résigne à épouser Rachid qui l’a recueillie. Elle est en effet enceinte de Tariq et  met au monde une petite fille, Aziza,  sans que son mari  se doute qu’elle n’est pas de lui. Ils ont ensuite un fils, Zalmai vénéré par Rachid qui désespérait de ne pas avoir de garçon.
C’est d’abord sur le mode de l’opposition et de la rivalité que vont se confronter les deux femmes avant de s’unir contre leur tyran commun. Rachid est un homme rustre et brutal qui réagit à chaque contrariété en rouant de coups les deux malheureuses qui vivent sous son toit. La situation ne fera qu’empirer quand il sera confronté aux difficultés financières. Les deux femmes tenteront alors de lui échapper et leurs destins seront liés à jamais sous le signe d’une solidarité à toute épreuve.
 
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L’IMPASSE DES DEUX PALAIS, Naguib Mahfouz
« Le Zola du Nil »
 
 
À propos de l’auteur…
Considéré comme le grand modernisateur du roman arabe, Naguib Mahfouz est né en 1911 et mort en 2006 dans la ville qui l’a fasciné toute sa vie et dont il a fait le cœur de son œuvre : Le Caire. C’est dans le vieux quartier populaire de Gamaleyya, dans l’ombre protectrice  de la mosquée Al Husseiny et dans le joyeux désordre de ses rues animées que l’auteur a puisé l’inspiration pour écrire la célèbre trilogie du Caire dont chaque roman porte le nom de l’une d’entre elles  : Impasse des deux palais (Bayn al-Qasrayn) , Le palais du désir (Qsar al-Shawq) et Le jardin du passé (Al-Sokkariyya). L’auteur y raconte l’histoire d’une famille à travers la première moitié du XXème siècle, livrant ainsi une peinture réaliste de l’histoire de son pays, de la première guerre mondiale jusqu’au renversement du roi Farouk. 
 
L’histoire

Le premier tome se déroule de 1917 à  1919 , période de lutte contre l’établissement du protectorat anglais. Dans la maison d’Ahmed Abd El-Gawwad, marchant aisé et charismatique, vivent sa seconde épouse,  Amina et ses quatre enfants ; Fahmi étudiant en droit et Kamal, le petit dernier ;  Khadiga à la langue venimeuse et la douce et belle Aïsha  ses filles ainsi que Yasine, amateur d’alcool et de femmes issu de son premier mariage avec Hanniyya, répudiée. Naguib Mahfouz s’attarde sur le quotidien de femmes et enfants soumis à l’autorité du chef de famille, ponctué par les préparations des mariages, bouleversé par les changements de société. Petite histoire et grande Histoire se confondent dans un roman passionnant dont on tourne la dernière page en attendant avec impatience d’ouvrir le tome suivant.
La précision des descriptions et la richesse des évocations ont valu à Naguib Mahfouz d’être comparé à  Emile Zola avec qui il partage aussi une écriture prolifique et un engagement dans la vie politique de son pays. Premier écrivain arabe à recevoir le prix Nobel de littérature en 1988, il reçoit un hommage unanime au moment de son décès.
 « Comme Balzac et Zola, comme Tolstoï et Faulkner, Mahfouz a été le témoin de son époque, témoin à l’écoute de son peuple, celui qu’il côtoyait quotidiennement dans sa rue, dans son café. » Il a également salué en Naguib Mahfouz un écrivain « visionnaire et courageux », dont l’œuvre « fait honneur non seulement aux lettres arabes, mais à la littérature universelle. » Tahar Ben Jelloub
 
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TROIS FILLES D’EVE, Elif Shafak
 
 
À propos de l’auteur

Elif Shafak est très populaire en Turquie, elle écrit ses romans aussi bien en turc, sa langue maternelle qu’en anglais. Née en France, elle a passé son adolescence à Madrid puis à Amman, elle est diplômée de l’université d’Ankara et se partage aujourd’hui entre Londres et Istanbul. Féministe engagée, imprégnée par le soufisme et la culture ottomane, elle porte un regard critique sur la société turque patriarcale et machiste. Multiculturalisme et cosmopolitisme constituent le quotidien  de cette femme élevée par une mère divorcée, éduquée, laïque et moderne sous le regard d’une grand-mère traditionnelle qui lisait l’avenir dans le marc de café. C’est cette dualité qui constitue les fondements de son œuvre.
Ainsi, le personnage principal de Trois filles d’Eve  est confronté dès son plus jeune âge à  l’opposition  entre un père laïc et rationnel et une mère conservatrice et très pieuse. Et c’est cette contradiction spirituelle qui constituera le fil rouge d’un récit dans lequel trois étudiantes participent au cours de théologie d’un brillant professeur qui les pousse au questionnement. 
 
L’histoire
Istanbul, 2016. Peri est agressée alors qu’elle se rend à un dîner en compagnie de sa fille. Une vieille photo échappée du sac qui lui a été dérobé la plonge dans le passé. Alors que les convives discutent de l’état du monde et de la place de la Turquie tiraillée entre l’attrait pour l’occident et la fidélité aux valeurs orientales, elle laisse ses pensées vagabonder vers les fantômes du cliché. Les années 80 à Istanbul d’abord puis les années 90 au collège et au lycée, son départ à l’université d’oxford en 2000 enfin.
 Les va-et-vient narratifs entre présent et passé permettent d’éclairer la vie bourgeoise de Peri auprès de son riche mari promoteur, en révélant les failles et les faiblesses, les espoirs et les regrets d’une femme moderne à l’étroit dans les manifestations mondaines stambouliotes. Elle retrouve par la pensée ses colocataires de l’université, Mona, musulmane pratiquante et féministe et Sirin, émancipée et athée, elle  replonge dans leurs débats et s’interroge sur le chemin qu’elle a elle-même suivie depuis.
Trois filles d’Eve est une histoire d’amitié et une histoire de passion à  l’image de la relation de l’auteur avec un pays qui oscille entre tradition et modernité.
 
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Bonne lecture !
 
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Frédérique VANANDREWELT-GRADISNIK

Professeure de français et passionnée par la littérature, Frédérique dévore les livres, et nous en parle… il y’en a toujours pour tous les goûts, tous les styles, et tous les niveaux.

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