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Festival « Spotlight on the Belgian Cinema » – Interview de Laura Wandel, réalisatrice du film « Un monde »

 Festival « Spotlight on the Belgian Cinema » – Interview de Laura Wandel, réalisatrice du film « Un monde »

L’Alliance Française de Dubai et l’EXPO 2020 accueilleront le festival « Spotlight on the Belgian Cinema » du 8 au 12 Janvier 2022. Une semaine pour découvrir les films francophones belge à Dubaï. Durant 5 jours, vous pourrez assister à des projections en soirée et en journée, pour les petits et pour les grands, de 6 films belges francophones (Bruxelles et Wallonie), une programmation associant nouveautés et films du « patrimoine ».   

Un film a retenu notre attention, « Un monde » shortlisté pour l’Oscar du meilleur film étranger. Nous avons rencontré la réalisatrice Laura Wandel qui a répondu à nos questions.
Elle sera présente lors de la projection de son film à Dubai le samedi 8 janvier à l’Alliance Française.

1. Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire du cinéma ?  Et quelles sont vos influences dans votre façon de filmer et dans le choix des sujets que vous traitez ? 

Ce qui m’a donné envie de faire du cinéma, ce sont les films que j’ai vus, comme par exemple Jeanne Dielman de Chantal Akerman. Ce film a provoqué tellement d’émotions en moi, que je me suis dit que c’était ça que je voulais faire plus tard. J’ai donc fait mes études à l’IAD puis j’ai commencé ma vie professionnelle et je suis toujours convaincue de faire ce que j’aime, malgré les difficultés parfois. 

Pour le choix des sujets, je pars de la réalité de la vie quotidienne d’un personnage pour que le spectateur s’identifie et ressente de l’empathie. C’est vraiment ce que je trouve important au cinéma, ressentir de l’empathie.

2. Pourquoi avoir choisi ce thème de la violence qui règne entre les enfants dans la cour de récréation ? Et selon vous, d’où vient-elle ?

J’ai voulu parler de l’école car on y a tous été. Comme le spectateur connaît ce milieu, il peut s’identifier assez facilement. Mais j’ai aussi abordé ce sujet parce qu’elle façonne, positivement ou négativement, les futurs adultes que l’on va devenir. C’est une étape extrêmement importante dans la vie !

J’ai choisi de traiter dans le film la violence mais aussi et surtout, l’apprentissage de la relation à l’autre, en partant du point de vue d’une enfant qui arrive en primaire et qui découvre les enjeux de l’intégration. C’est ce qui était important à mes yeux, parler des enjeux de l’intégration et du besoin de reconnaissance qui font notre humanité.

Ce besoin de reconnaissance peut nous pousser à, par exemple, pour le personnage de Nora, mettre à mal certaines de nos relations humaines (la fraternité dans le film), voire à renier sa propre identité pour correspondre.

En allant plus, loin, je pense que ce qui se joue dans une cour de récréation se reflète dans le monde et la société. 

3. Pourquoi avoir pris le parti de concentrer toutes les scènes du film dans un même environnement, celui de l’école ?

J’ai voulu, par ce parti-pris, mettre l’accent sur les relations entre les enfants en dehors d’une surveillance trop étroite des adultes. 

Mais aussi parce que j’aime jouer avec le hors champ. Le fait de ne pas montrer la famille d’Abel et Nora permet au spectateur de se construire sa propre idée de cette famille et donc de prendre une place dans la narration.

4. Comment, selon vous, l’école pourrait-elle être un lieu plus sécurisant et sécurisé émotionnellement pour les enfants ?

Dans certaines écoles, ils font des jeux de rôles avec les enfants. Cela leur faisait prendre conscience qu’ils mettent eux-mêmes une étiquette et le jeu leur permettait d’une part d’en sortir mais aussi de se mettre à la place de l’autre, d’être en empathie. C’est important car ça leur apprend qui est l’autre, il n’est pas ce qu’on pense de lui et également, qu’on est soi-même plus que ce qu’on croit et que ce que les autres pensent de nous.

Cependant,  je pense que le problème intrinsèque n’est pas l’école. Ca vient de plus haut, de la société.
Le problème de Nora c’est qu’elle a le sentiment de ne pas être écoutée par les adultes. J’ai essayé de ne pas porter de jugement sur le comportement des adultes dans le film. Mais il est clair qu’un enfant violent, c’est une blessure qui n’est pas écoutée et reconnue. Malheureusement, nous vivons dans une société où on n’a pas le temps d’écouter l’autre.
Alors, on va juger le comportement plutôt que d’essayer de le comprendre, car ça va prend moins de temps.
C’est aussi une question de rapport au temps. 

5. Le film est tourné en Belgique et reflète un fait de vie dans les écoles belges. Vous êtes-vous intéressée à d’autres systèmes scolaires ?

Pas vraiment hors de la Belgique. j’ai en effet été observer des écoles avec différentes pédagogies (normale et active) mais uniquement en Belgique. J’ai pu constater qu’en France, même s’il y a quelques différences, c’est relativement semblable.

D’ailleurs, j’ai un livre qui reprend des photos de cours de récréation à travers le monde et c’est étonnant de constater qu’elles ont toutes la même géographie : le terrain de foot est central et occupe la majeure partie de l’espace.
La violence vient aussi de là…

6. Diriger des enfants doit être très différent que de diriger  des comédiens adultes ? Comment avez-vous appréhendé cette spécificité ?

Je n’ai pas voulu donner le scénario aux enfants car j’avais peur que des dialogues écrits par une adulte ne coïncident pas avec eux en tant qu’enfant. Je voulais aussi qu’ils soient actifs dans le processus de créativité. 

J’ai donc travaillé avec une orthopédagogue qui a mis en place un système par lequel chaque enfant a créé la marionnette de son personnage, afin qu’il puisse faire la distinction entre lui et le personnage. Ensuite, on leur racontait le début d’une scène et on leur demandait ce qu’ils imaginaient qui allait se dire ou se passer.
Les enfants improvisaient alors les scènes avec leur marionnette. Ce qui me permettais de réécrire certains dialogues. Pour finir, on leur a demandé de dessiner chaque scène du film. C’est devenu leur scénario visuel.

7. C’est votre premier long métrage, quel regard avez-vous sur cette expérience ? Quels sont vos projets pour la suite ? 

Ca m’a appris énormément de choses. Mais le plus important a été d’être à l’écoute de ce dont le film avait besoin. Au moment du montage j’ai supprimé des scènes magnifiques, parce qu’elles ne fonctionnaient pas dans le film.
J’ai dû m’adapter à la réalité, lâcher prise sur les choses et ne pas rester coincée sur ses convictions.
J’ai commencé l’écriture de mon deuxième long métrage qui se passera dans le milieu hospitalier.


8. « Un monde » a été shortlisté pour l’Oscar du meilleur film étranger. Félicitations ! Comment vivez-vous cette merveilleuse nouvelle ?

Je suis très fière et touchée de voir que le film ait un tel écho dans le monde. 
Il a notamment reçu le prix du public en Chine. C’est incroyable sachant que c’est une culture très différente.
Et puis, ce qui est important aussi c’est que ça lui donne une grande visibilité.
A un niveau personnel, c’est une grande fierté et la reconnaissance de 7 années de travail. C’est un film financé par la Flandre et la Wallonie, c’est hyper important pour moi aussi qu’il représente ces deux communautés.

9. Quel est votre plus beau souvenir du tournage ?

Mon meilleur souvenir du tournage… ce serait la scène dans laquelle les enfants se font deviner la forme de leurs sandwiches. Avec l’équipe, on essayait de faire le moins de bruit possible pour ne pas déranger la scène.
C’était magnifique !

Ce festival se clôturera avec une table ronde le mercredi 12 au BeBizz du pavillon belge de l’EXPO2020 avec des représentants belges et internationaux de l’industrie du cinéma, moment d’échange sur les opportunités et défis commerciaux et financiers de la réalisation et production cinématographiques en Fédération Wallonie+Bruxelles, qui sera suivie d’une soirée de clôture du Festival au BeLounge (Rooftop) de notre magnifique pavillon.

Vous trouverez ci-dessous le programme de cette semaine cinéphile ainsi que les liens pour s’y inscrire via le linktree suivant : linktr.ee/awexuae

Attention, les places sont limitées, n’attendez pas pour vous y inscrire !

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